jeudi, mars 28 2024

Le Coran est un Texte en langue arabe qui s’adresse d’abord à un certain peuple Arabe. Cependant et depuis les premiers versets révélés, il annonça son caractère universel. Autrement dit, Dieu parla à toute l’humanité, quelle que soit l’époque mais à travers un peuple et une histoire.

Pour comprendre cette portée universelle, il faudrait chercher comment la Révélation a procédé dans son articulation, sa pénétration et son intégration dans l’histoire du peuple Arabe du Hedjaz d’alors ; et comment l’universel coranique s’est-il incarné dans un particulier anthropologique conjoncturel.Après examen, on découvre que le fond et la forme de Révélation sont restés ouverts sur une réalité souvent contradictoire, répondant à des évènements qui n’étaient pas prévus, ni par la communauté ni même par son Prophète.

La sirat nous donne une traçabilité relative de la Révélation coranique qui s’est arrêtée avec la mort du Prophète, alors que les Paroles de Dieu sont infinies . Ce qui veut dire que tout ce qui est dans le Coran est Parole de Dieu certes, mais toutes les Paroles de Dieu ne sont pas contenues dans le Coran.Cette perception historique de la Révélation, dynamique et ouverte sur l’Histoire, implique l’Homme afin de poursuivre le dessein coranique jusqu’à la fin des temps. Cette lecture de la Révélation et son rapport à l’Histoire donne du Coran une image universelle et cinétique.

Elle nous engage à penser l’islam dans un mouvement et chercher en permanence à faire correspondre l’essence du Message -au-delà de sa forme linguistique et la culture dans laquelle il s’est inscrit au départ- aux multiples morphologies des contextes aussi différentes qu’éloignées dans le temps. Se référer au Coran selon cette vision théologique de la Révélation doit s’effectuer dans la perspective de se conformer à l’esprit du Message dans sa façon de répondre à son monde d’alors afin d’en extraire la même méthode divine pour le faire correspondre et l’accorder au nôtre. La clôture du cycle des prophéties ne doit pas être reçue et comprise comme une clôture de la pensée et l’agir islamiques.

Nous l’aurons compris : il ne s’agit pas de reproduire le mode de vie du peuple récipiendaire du Coran, mais plutôt de voir comment le Coran l’a pris en considération dans l’économie pédagogique de son discours pour s’en inspirer. Cette posture transforme le rapport au Coran d’une simple référence mécanique à ses enseignements à une approche qui y voit une méthode qui trace la voie (minhâdje) pour la raison et l’expérience musulmanes pour inventer des modes nouveaux de penser, d’interpréter et de pratiquer les enseignements de l’islam à la lumière d’une réalité, d’un Destin divin existentiel ouvert.

Il n’est pas question d’y voir uniquement une somme de lois, toutes définitivement arrêtées jusqu’à l’éternité, applicables systématiquement quelle que soit la réalité. Bien évidemment, il y a des enseignements spirituels, cultuels et des principes moraux invariables, mais ceux-là correspondent à ce qui est permanent chez l’Homme, notamment croyant, quelle que soit sa condition.

LE CORAN, OU LE MYSTERE D’UN SOUFFLE (RUH) – communication 2012 – Tareq Oubrou

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