jeudi, mars 28 2024

Lumière sur lumière [1], la lumière de la révélation qui s’ajoute à la lumière intérieure, l’immanence et la transcendance. Toute la pensée musulmane a été de réconcilier ce qui nous a été révélé de l’intérieur avec ce qui a été révélé de l’extérieur car l’auteur de la révélation est l’auteur de la raison. Dieu ne peut envoyer un message qui contredit la raison. Tous les savants ont écrit sur ce sujet pour montrer qu’il ne peut y avoir d’antinomie et de contradictions entre ce que Dieu demande à l’homme et ce que la nature de l’homme lui demande. La nature première peut être altérée par la civilisation et la culture. La civilisation nous éloigne de ce que nous sommes, toute la spiritualité consiste à résister à l’oxydation, à l’altération de ce qu’a produit la civilisation sur notre prime nature, notre nature spirituelle.

Cette parole divine se situe sur deux niveaux. Le kalam nafsi, la parole intime de Dieu car Dieu n’est pas arabe, il n’est pas hébreux, le Coran est en arabe mais Lui ne l’est pas. Il vient de Dieu mais n’est pas Dieu. Donc les gens qui lisent le Coran en pensant être dans l’incarnation, et pour qui il n’y a pas de suspens et que tout est dans le Coran, il y a là un problème théologique. Aujourd’hui il n’y a plus de discours métaphysique ou théologique sur la religion. On parle de la loi mais on oublie le législateur. C’est ce que j’appelle la nomolatrie, l’adoration de la loi. La loi n’est pas le but, elle est au service de quelque chose. Une loi qui ne conduit pas vers le sens, vers l’auteur renforce notre égo mais pas la transcendance. Cela traduit des enjeux identitaires ou des postures politiques. Cette lecture se sert de Dieu mais ne Le sert pas. Il y a une grande différence entre servir Dieu et s’en servir. L’objectif de la spiritualité est de faire sortir l’individu de son égocentrisme pour se réaliser dans l’altérité absolue afin qu’il puisse vivre avec les autres. C’est pourquoi dans les actes d’adoration (ibadat), le culte vient en premier lieu. Après la foi, il y a la prière puis le jeûne qui est un mouvement vertical vers Dieu. Il y a toujours un lien entre le culte et l’éthique. Chaque fois que le Coran parle de prière (salat), il parle d’aumône (zakat), de la générosité et du don, c’est à dire la sortie de la cupidité et de l’avarice. Le propre de la foi c’est le don, le jeûne : on se prive pour donner (…)

[1]. « Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat; son combustible vient d’un arbre béni: un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient. S24 V35

Compte rendu de la conférence du 21 février 2015 : Islam d’aujourd’hui, clés de lecture – Tareq Oubrou

Previous

Reconfigurer son destin par la prière, le 27 Ramadan

Next

LA NOTION CORANIQUE DE "TANZIL"

Check Also