jeudi, mars 28 2024
L’Homme est une « métaphore » et « un prolongement» de Dieu, dans le sens où il contient les traces de ses attributs : la volonté, la parole, le savoir, la miséricorde, l’amour, la justice, la bienfaisance, etc. Il est un signe de l’unicité de Dieu : « Et en vous-même – il y a les traces de Dieu –, ne l’observez-vous pas ! » (Cr. 51 : 21)
De la double origine humaine
Le Coran évoque laconiquement l’origine minérale puis organique de l’homme : le sol (Cr. 3 : 59), l’argile sèche (Cr. 55 : 14), l’argile collante (Cr. 37 : 11), la glaise malodorante (Cr. 15 : 26). Il cite également son origine aquatique (Cr. 25 : 54) et parle même d’évolution : « Et il vous a créé par phases (atâwaran) » (Cr. 71 : 14). Après avoir façonné l’Adam originel, Dieu lui insuffle l’âme (Cr. 15 : 29) et lui apprend le langage (Cr. 2 : 31), puis demande aux anges de se prosterner devant lui en guise de salutation honorifique.
Le Coran n’entre pas dans les détails de la création de l’homme, à la différence de la Bible. Il établit seulement l’existence d’étapes. Cela qui a permis aux savants musulmans du Moyen Âge (Al-Jahiz, Nasiruddin Tusî, Ikhwân As-Safâ, Miskawahh, Ibn-Khaldûn…) de considérer que depuis les minéraux jusqu’à l’homme il y a une complexité croissante qui passe par le végétal et l’animal. L’historien et scientifique John William Draper (1811-1882) parle de « la théorie mahométane de l’évolution », connue dans les milieux scientifiques avant même la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces. Il semble d’ailleurs que, dans le monde musulman jusqu’au XIXe siècle, était biologiquement admis qu’entre l’espèce humaine et le règne animal, il y a une continuité. En revanche, théologiquement, il y a une discontinuité spirituelle dans le sens où les âmes ne se transmettent pas entre les espèces, et même au sein d’une même espèce, en l’occurrence l’espèce humaine.
En tout cas, la règle qui doit être respectée en ce domaine est qu’on ne réfute pas une théorie scientifique par une doctrine théologique, mais par une autre théorie scientifique plus puissante : « Parcourez la terre et cherchez comment Dieu a commencé la création » (Cr. 29 : 20). Autrement dit, c’est dans la nature qu’il faudrait chercher la réponse et non dans le Coran (kitâb mastûr) ; laquelle nature est l’autre « livre déployé » (kitâb manchûr) de Dieu qui s’offre à la lecture et à la recherche. Plus simplement, on peut dire que l’homme est une combinaison de deux dimensions : terrestre et céleste ; biologique et spirituelle. Le côté biologique de l’homme obéit aux lois de la nature et son côté spirituel aux lois de l’esprit et de l’âme.
La diversité humaine, un signe de Dieu
L’être « adamique » primordial commun a donné naissance à deux entités : masculine (Adam) et féminine (Ève), qui vont engendrer les hommes et les femmes (Cr. 4 : 1) qui donneront les nations et les tribus. Ce afin que toute l’humanité se réalise dans sa diversité (Cr. 49 : 13). « Parmi ses signes, la diversité de vos langages et de vos couleurs. Il y a là des signes pour les savants », explique le Coran (Cr. 30 : 22). Par conséquent, tout ce qui va dans le sens contraire de l’écologie humaine comme clonage biologique et culturel s’oppose au projet de Dieu, car il menacerait l’espèce humaine : « Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté – religieuse en l’occurrence. Mais il voulait vous éprouver en ce qu’il vous a donné, alors concurrencez-vous dans le bien. » (Cr. 5 : 48)
Une dignité absolue
Le Prophète de l’islam condamne le racisme et rappelle que tous les hommes descendent d’Adam et qu’Adam vient de la terre (Abu-Dâwûd). Hommes ou femmes, justes ou injustes, musulmans ou non, agnostiques, athées, chrétiens, juifs, bouddhistes, hindouistes… Notre humanité bénéficie d’une égale dignité inaliénable. Tous sont créés à l’image de Dieu, habités par un souffle céleste pur : « Nous avons donné une dignité aux enfants d’Adam. » (Cr. 17 : 70) La dignité de toute l’humanité rassemblée se trouve dans celle d’une seule personne. C’est pourquoi le Coran confirme ce que Dieu a déjà enseigné au peuple d’Israël : celui qui sauve une personne a en réalité sauvé toute l’humanité, tandis que celui qui la tue injustement tue toute l’humanité (Cr. 5 : 32).
Cette dignité que Dieu a accordée à l’homme est traduite dans la liberté qu’il lui a donnée d’y croire ou pas (Cr. 18 : 29). Il ne le juge qu’en fonction des moyens incontestables (qu’ils lui ont été attribués : la raison, les révélations successives apportées par les prophètes, etc.) pour discerner la vraie religion de la fausse et s’il ne les a pas ou s’il s’est trompé, alors il est excusé. (Cr. 28 : 59 ; Cr. 6 : 131 ; Cr. 17 : 15).
 
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p132 à 134
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