mardi, avril 16 2024
Avec le christianisme, le sacrifice de Jésus-Christ a remplacé toutes les formes du sacrifice de l’Ancien Testament. L’islam est venu le réhabiliter et marquer ainsi un retour à la tradition abrahamique primordiale.
Le sacrifice d’Abraham
Abraham a voulu offrir son fils à Dieu. Dieu lui a substitué une bête en canalisant ainsi une violence qui aurait versé inutilement le sang d’un enfant innocent. Cependant, le sacrifice de la bête ne doit pas être inutile. Si c’est une offrande à l’intention de Dieu, elle doit nourrir les hommes. Il n’y a pas d’holocauste dans le Coran, à la différence de la Bible. On ne brûle pas une bête sacrifiée pour Dieu. Le sacrifice d’Abraham a introduit une relation triangulaire homme-animal-Dieu qui fait que la mort d’une bête prend un sens théologique fort. On n’exécute pas une bête comme on épluche une pomme de terre. Sacrifice rituel ou éthique, il s’agit toujours d’une forme de « substitution » dans la mesure où l’âme et la chair de la bête sont sacrifiées pour assurer notre survie. À ce titre, nous lui sommes spirituellement et biologiquement redevables. La notion de sacrifice symbolise cette reconnaissance.
Les différents sacrifices rituels
Le sacrifice d’une bête peut avoir différentes portées:
»» L’offrande annuelle, pour commémorer le geste d’Abraham à l’occasion de la fête du sacrifice (‘îd
al-adhâ).
»» Le sacrifice à l’occasion de la naissance d’un enfant, qu’on appelle an-nasîka ou al-‘aqîqa (Bukhârî). Il réactualise lui aussi le geste qui a permis à Abraham de garder son fils en vie en lui substituant un animal.
Ces deux formes de sacrifice ne sont pas canoniquement obligatoires, mais seulement recommandées. Certains savants de l’islam préfèrent donner de l’argent au pauvre que de sacrifier une bête comme Aïcha, l’épouse du Prophète.
Le seul sacrifice rituel obligatoire est celui effectué par le pèlerin à La Mecque. Il ne concerne que celui qui a opté pour l’un des deux modes de pèlerinage : al-qirâne et at-tamatu‘e. En revanche, celui qui a choisi de l’effectuer selon la troisième option d’al-ifrâd en est exonéré. Ainsi le musulman peut-il ne pas pratiquer de sacrifice rituel, durant toute sa vie, sans que cela ne porte atteinte à sa foi.
Sacrifice éthique
En dehors d’al-udhiyya et d’al-‘aqîqa, l’exécution de la bête pour se nourrir ne relève pas du rite proprement dit, mais d’un sacrifice éthique. Aussi sacrifie-t-on une bête pour une raison sanitaire ou sécuritaire, lorsqu’il y a un danger pour l’homme. L’intention rituelle et l’évocation du nom de Dieu – le fait de dire « au nom de Dieu » (bismillah) – lors de l’exécution de la bête ne sont pas une obligation pour certains canonistes, notamment pour le rite sunnite chaféite. Les seuls points qui fassent l’unanimité canonique sont : l’obligation d’apaiser la souffrance de la bête ; l’exécution par saignée afin que la bête se vide le plus possible de son sang pour une raison sanitaire, puisque le sang est un terrain favorable au développement de germes et de microbes ; ne pas sacrifier la bête pour une autre divinité que Dieu. Une bête exécutée par un chrétien, par un juif ou apparenté peut être consommée par le musulman.
En outre, la bête sacrifiée doit être herbivore. Les carnivores sont déconseillés par certains canonistes, tolérés par d’autres ; les omnivores interdits, dont le porc fait partie. La règle est la suivante : plus le régime alimentaire de la bête est éloigné de celui de l’homme, plus la viande de la bête est licite.
En règle générale, l’islam n’encourage pas à la consommation excessive de viande car cela multiplierait les sacrifices des bêtes. Au contraire, le Coran met en garde contre tout abus ou excès en matière de nourriture en général (Cr. 7 : 31). Et donc de la viande par voie de conséquence. La pratique du jeûne comme un des piliers de l’islam vient à juste titre modérer l’instinct carnivore de l’homme.
Des pratiques non fondées
Certains par ignorance interdisent à la femme d’effectuer l’abattage ; d’autres orientent la bête en direction de La Mecque avant de l’exécuter, etc. Tout cela n’est pas fondé.
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p240 à 242
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