Selon l’épistémologie mystique d’Ibn ‘Arabî, seuls les sens sont capables d’atteindre la gnose (al-ma‘rifa) ou la connaissance de Dieu. Connaître Dieu dans cette perspective n’est pas savoir Dieu, car le savoir (al-‘ilm) convoque l’intellection uniquement et la raison rationnelle, alors que la connaissance mystique vise plus que cela. Elle a pour projet de percer par l’œil intérieur les voiles qui nous cachent Dieu et la Réalité. Il est vraiment question ici d’une certaine phénoménologie mystique de l’Être où le cœur symbolise le miroir dans lequel viennent se réfléchir la beauté et la bonté de Dieu mais aussi la réalité objective perçue par le croyant connaissant dans une subjectivité qui ne tombe pas dans la confusion mais qui garde son discernement. Ici subjectivité et objectivité se nourrissent l’une de l’autre. C’est pour cette raison que la démarche soufie s’occupe d’abord à purifier le cœur par les ablutions de l’humilité, entre autres attitudes, condition nécessaire pour y voir le plus clairement possible l’image de Dieu et des choses (…)
Le dévoilement (el-Kashf) Pour une épistémologie soufie de la connaissance, Tareq Oubrou
Cet article se trouve dans la revue « Horizons Maghrébins-le droit à la mémoire, n° 65/2011, 27e année »
p.172-180