Le nom « Allah » a la même racine étymologique que El ou Elohim en hébreu, ou ’allâhâ en araméen. C’est un nom sémite arabe ou arabisé. C’est le nom le plus fréquemment cité dans le Coran.
Allah préislamique
Les Arabes préislamiques ont hérité de la religion d’Abraham et d’Ismaël, mais altérée par l’idolâtrie. Tout en reconnaissant qu’Allah était le créateur du monde (Cr. 29 : 61), celui d’Abraham, les Arabes païens considéraient que les statues étaient des déités subordonnées à Dieu avec une fonction médiatrice. C’est à ce titre qu’ils leur consacraient le culte afin d’intercéder auprès d’Allah (Cr. 39 : 3). Le Coran qualifia d’associationnisme (chirk) cette forme de polythéisme et le réfuta.
Ses noms (asmâ’) et ses attributs (sifâtes)
Dieu est le sujet le plus important du Coran. La création est présentée comme une manifestation de ses attributs. L’homme y occupe une place singulière parce que créé à son image (Bukhârî et Muslim). « Dis : “Invoquez Allah, ou invoquez le Tout Miséricordieux (Ar-Rahmân)”, quel que soit le nom par lequel vous l’invoquez, Il reste celui qui a les plus beaux noms. » (Cr. 17 : 110) Dieu est unique, mais ses attributs sont multiples. Allah est son nom propre. Ses autres noms sont dérivés de ses attributs comme Créateur (khâaliq), Miséricordieux (rahmân), Subtil (latîf), Très Doux (raouf), etc. Il est impossible de les dénombrer tous (Ibn-Hibbân). Ils dépassent de loin le nombre de 99 évoqué dans un hadith du Prophète (Bukhârî). Ce dernier n’y est évoqué qu’à titre indicatif et non restrictif. Quant au hadith très répandu parmi les musulmans, où sont évoqués nominativement 99 noms, il n’est pas authentique. Certains noms qui y figurent ne siéent pas à Dieu, comme le Vengeur (muntaqîm) ou l’Humiliateur (mudhil). Ces noms, entre autres, sont réfutés par des théologiens qui les trouvent indignes de Dieu. Dieu a les plus beaux noms (al-samâ’ al-husnâ). Cette mention revient quatre fois dans le Coran. Le musulman ne doit lui attribuer que des noms qu’il accepte pour lui-même : « Choisissez pour vous des beaux noms », a dit le Prophète (Abû-Dâwûd). Il n’acceptait pas que les gens portent des noms laids. Il demandait de changer ceux qui touchaient à leur dignité humaine (Termidhî). Comme cette femme qui, avant l’islam, s’appelait ‘âsiyya : Entêtée à qui il donna le nom de Belle (jamîla) (Muslim). La règle est que tout nom que l’on se refuse à soi ne doit pas être attribué à Dieu.
Dieu sans icône
« Adore Dieu comme si tu le voyais », recommande le Prophète (Bukhârî). Une image qui s’offre à sa conscience et qui s’imprime dans son esprit avec des nuances qui dépendent du degré de sa foi. « Je suis à l’image de ce que pense de moi mon Serviteur », confirme un autre hadith (Bukhârî). Cependant, rien ne peut Lui ressembler (Cr. 42 : 11). Aucune imagination ni savoir ne peuvent le cerner (Cr. 20 : 110). Personne n’a vu Dieu directement, même le Prophète.
Dieu, une quête inachevée
Le Coran n’a pas épuisé le sujet Dieu, lequel reste incommensurable. C’est pour cette raison que théologiens et mystiques continuent la quête de ses mystères. Les premiers ont emprunté la voie intellectuelle de la raison ; les deuxièmes ont préféré la voie intérieure de l’expérience spirituelle, celle du coeur. Plusieurs lectures et doctrines ont alors été proposées, des plus abstraites et des plus transcendantales jusqu’à celles qui frisent l’anthropomorphisme. L’unicité de Dieu est certainement le dogme qui a fait couler le plus d’encre théologique vu son importance et sa sensibilité. Une chose reste établie, les voies qui mènent à son mystère sont multiples. Chaque personne le ressent à partir de ce qu’elle est, unique à l’image de Dieu lui-même.
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p63 à 66