Ibtilâ est le mot arabe du Coran pour l’épreuve. Il est entendu au sens d’un devoir ou d’un test. Pour le Coran, la vie humaine n’est pas absurde (Cr. 23 : 115). Elle n’est pas une expiation du péché originel. Quand Dieu a mis en garde Adam contre Satan, il lui en a indiqué la conséquence : l’expulsion du paradis et le devoir de travailler – en arabe (tachqâ) – qui signifie « peiner ». La pénibilité ici n’est ni peine ni malheur, comme est souvent traduit le verset (Cr. 20 : 117). Il était déjà dans le projet de Dieu qu’Adam serait son calife – délégué de Dieu – sur terre (Cr. 2 : 30). Une responsabilité qu’il doit assurer (Cr. 33 : 72) comme épreuve de liberté, c’est-à-dire le risque de mal choisir (erreur) ou de choisir le mal (faute).
« C’est Lui qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver, pour voir celui d’entre vous qui aura les meilleures oeuvres. » (Cr. 67 : 2)
Une patience (as-sabre) récompensée
Comme l’animal, l’homme est soumis à des lois naturelles (Cr. 6 : 38). Il doit les respecter pour assurer sa (sur) vie : nourriture, reproduction, habitat, etc. Pour cela, il doit travailler durement et lutter contre les catastrophes naturelles et les imprévus de la vie. Il doit tout faire pour les éviter ou les transformer à son avantage. Après l’effort, le musulman s’en remet à Dieu en cherchant refuge dans la prière et la patience (Cr. 2 : 45 et 153). La patience est l’une des pratiques religieuses les plus importantes. L’éprouvé est invité à dire : « Nous appartenons à Dieu et c’est à lui que nous retournerons. » (Cr. 2 : 156) Cela le soulagera. S’il patiente, Dieu lui promet la bénédiction et la miséricorde (Cr. 2 : 157). Aussi, les patients entreront-ils au paradis sans passer par l’épreuve du Jugement dernier (Cr. 39 : 10).
L’épreuve par la loi
Le Coran n’est pas révélé pour rendre l’homme malheureux (Cr. 20 : 2). Au contraire, Dieu cherche à le soulager car il est vulnérable (Cr. 4 : 28). La loi révélée doit être interprétée et pratiquée à l’avantage de l’homme et non à ses dépens. L’effort pour s’y conformer n’est pas vain car Dieu ne demande que justice (‘adl) et bienfaisance (ihsân) (Cr. 16 : 90). Cela en vaut la peine. Le Coran demande à l’homme de vaincre sa cupidité, cela suppose un effort, voire une souffrance morale. Pourtant, il lui faut surmonter cette épreuve (‘aqabat) pour parvenir à partager ses biens avec autrui : les pauvres, les orphelins et les vulnérables (Cr. 90 : 11-18). Cela libère et soulage, comme le fait de pardonner à ceux qui nous ont offensés. Il en est de même pour le jeûne, par exemple qui est une pratique en apparence difficile. Or, Dieu ne cherche pas à éprouver arbitrairement la foi du croyant par cette pratique, le but est de vaincre ses pulsions et de modérer ses passions, sans mortifier le corps, puisqu’il a la permission de ne pas s’y conformer si cela présente une incommodité avérée : « Dieu veut pour vous la commodité et non vous mettre dans la difficulté » (Cr. 2 : 185) explique le Coran. Le musulman doit respecter les lois coraniques tant qu’elles ne lui portent pas préjudice, sinon il utilise les dérogations. Car contraindre n’est pas l’objectif de Dieu (Cr. 2 : 185 ; Cr. 5 : 6 ; Cr. 22 : 78).
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p92 à 93