jeudi, novembre 21 2024

« Pour qu’une oeuvre soit digne de ce nom, son auteur doit répondre à deux qualités, fait remarquer Abou-bakr Ibn Arabi : une création nouvelle dans le style et la forme et/ou une création d’un sens inédit ; sinon, dit-il, l’auteur ne fait que noircir -inutilement- du papier ou commettre le plagiat ».

Aujourd’hui, beaucoup de sites sur l’islam prolifèrent sur la toile. On assiste à une vraie inflation numérique islamique. Le contenu est certes riche en informations, mais ce sont souvent des reprises et des répétitions.

Le virtuel a sauvagement remplacé l’enseignement traditionnel, lequel jadis passait par le maître, le savant, etc. Cet accès sans médiation a déjà commencé depuis le développement de l’imprimerie et la réédition en masse des livres religieux. Pourtant les savants mettent en garde contre les conséquences négatives de ce type d’apprentissage : « le savoir est déposé dans les livres, certes, mais sa clé reste néanmoins dans la mains des savants », disent-ils. Ce conseil reste valable, sauf pour de rares exceptions. De nos jours, même les mosquées ne sont plus un espace de savoir, ni même les institutions de l’enseignement religieux. Elles ont été remplacées par des imams, des écoles et des mosquées virtuels. La notion même de la communauté s’est déplacée de communautés réelles, physiques et collectives, à des communautés musulmanes connectives, virtuelles et volatiles.

Par conséquent, je suis conscient que rien ne remplace l’enseignement par la présence physique, car il dégage un parfum humain que le numérique est incapable de faire sentir. Malgré cela, j’ai décidé de communiquer par le biais de cet outil médiatique, après une longue hésitation, vaincue par l’insistance et le soutien d’un certain nombre d’amis. Ceux-ci ont d’ailleurs beaucoup de mérite dans la création de ce site, je leur rends un hommage particulier, ils se reconnaitront. Ils ne sont pas nombreux, pas plus que les doigts d’une main.

Dans ce site, notre éthique est de s’interdire de penser à la place des autres ou de se substituer à leur intelligence. Il se veut une invitation à l’interrogation et à la réflexion, un appel au vivant pour sortir de l’emprise d’un habitus créé par des discours stéréotypés, afin de penser par soi-même. Nous avons choisi l’option de la responsabilisation plutôt que celle de la culpabilisation à outrance, qui sape le moral des musulmans.

Épistémologiquement, le site se veut hanif, comme Abraham, mais dans le sens étymologique ; c’est-à-dire incliné, au sens où il sort parfois des sentiers battus. Il a pour ambition de proposer une nouvelle manière de penser et de pratiquer les enseignements de l’islam.

Il s’agit d’une vision d’un islam qui assume totalement son époque, sans arrogance, ni complexe ou frustration. Il n’est nullement question de renier un passé où l’essentiel des fondements de l’islam a été bâti, mais qui reste, cependant, objet de critique constructive. En effet, nous sommes pour un islam qui habite intelligemment son époque et qui est résolument tourné vers l’avenir, avec un réalisme raisonnable et une approche également critique par rapport à notre condition contemporaine.

Tareq Oubrou – Août 2017