samedi, avril 20 2024
Le Dieu de la Nature, est le même que Celui des Écritures. A partir de là, il ne doit pas y avoir de contradiction ni de rapport exclusif entre le scientifique et la métaphysique (le théologique, dans notre cas). Cette disposition éthique de la pensée, celle de la conciliation, est plus appropriée à la connaissance que celle de la rupture, car infiniment ouverte sur les significations et les possibilités, des plus tangibles aux plus abstraites. Elle est une connaissance sinusoïdale qui fonctionne, en oscillation, entre deux niveaux herméneutiques, ceux de la Nature et de la Révélation.
La connaissance étant ici circulaire, elle essaie de joindre les deux pôles : celui de l’ « herméneutique scripturaire » et celui de « l’herméneutique naturelle ». Le cercle symbolisant l’infini, ce double positionnement, dialectique – un œil sur le Texte et l’autre sur la Nature – présente toutefois un risque réel de strabisme herméneutique. L’effort intellectuel consiste alors à chercher une harmonie ou une synergie dans la perception de la raison. Les informations des Écritures, comme celles que nous livre la Nature, proviennent d’une même origine ontologique : Dieu. A ce titre, l’exercice de la raison pourrait se résumer en une opération qui consiste à corriger en permanence la « diplopie ontologique » (M. Blondel) que rencontre la double herméneutique, scripturaire et naturelle. C’est un des points nodaux de la notion que les théologiens appellent « dialectique de la raison » ou «perception de la raison », an-nadhar al-’aqliy. Comme le Coran, la Nature nous parle de Dieu.
Selon cette vision, les deux formes sémantiques divines – naturelle et scripturaire – ne peuvent être contradictoires mais fécondes, l’une enrichissant de l’autre. Autrement dit, l’approche est phénoménologique, elle part de l’étude des signes (âyât) comme « manifestations » des Attributs de l’Être divin. Elle conduit à une connaissance de Dieu, mais en tant que propédeutique nécessaire pour une ontologie, laquelle ontologie demeure néanmoins inaccessible totalement. Elle est une tension asymptotique de la connaissance de Dieu, sans jamais l’atteindre définitivement.
L’Unicité de Dieu. Des Noms et Attributs divins (opuscule 1/10), éditions Bayane, Saint-Denis, 2006 – p52 à 53.
Previous

"4 formes d'espérance" /6 - Tareq oubrou

Next

Le Jeûne : se hâter à la Miséricorde de Dieu - Tareq Oubrou

Check Also