La prière est le deuxième pilier de l’islam, la pratique la plus fondamentale, après la double attestation de foi. Le musulman a l’obligation canonique de prier cinq fois par jour. Le propre du culte est d’entrer en communication symbolique avec la divinité. La prière est un langage pour chercher ce contact en s’arrachant à la pesanteur de la vie.
La prière nous rappelle que le sens de l’existence est d’honorer Dieu. Ce doit être un moment de recueillement, d’une parole qui se fait entendre dans le silence et le calme. C’est d’abord une prière du cœur, mais qui engage le corps, et un mouvement du corps qui doit engager le cœur. On s’incline, on se prosterne : des gestes que l’on n’adresse qu’à Dieu. La prosternation est ici une libération de l’Homme. Le moment où l’on est au plus près de Dieu. On met la face contre terre devant la grandeur de Dieu. L’orgueil est brisé, le cœur plié. On apprend l’humilité.
La prière est une école. On ne vient pas sans préparation. Les ablutions sont un préalable à la rencontre car c’est l’eau qui donne la vie au corps et à l’esprit. On peut alors se tourner vers la Kaaba, premier temple construit par Abraham à La Mecque. Là encore, l’orientation du corps ne sert qu’à préparer l’orientation du cœur.
La prière est un moment de confession. Pas besoin de mots pour cela : Dieu sait qui nous sommes et ce que nous avons fait. C’est aussi un moment de ressourcement pour continuer de traverser le désert de la vie. On vient y puiser force et retrouver une virginité spirituelle perdue à cause de l’érosion de notre condition matérielle.
Le musulman qui ne prie pas reste musulman. Son salut n’est pas acquis par la pratique, mais par la foi. La pratique est un moyen d’entretenir sa foi, qui donne justement sens à la pratique. Plus que jamais nous avons besoin de la prière, car la modernité nous écrase totalement sous la matérialité. La spiritualité est plus que jamais à l’ordre du jour. D’ailleurs, cinq minutes par prière, cinq fois par jour, ce n’est pas le bout du monde ! Le monde ne s’arrête pas… D’autant qu’il existe un régime de dérogation pour accommoder les prières en fonction de l’état physique ou du rythme social, professionnel… du musulman.
Tareq Oubrou
Le Prêtre et l’Imam – Edition Bayard 2013 – p92/93