La confusion entre Dieu et le Coran ne peut jamais se produire, car il y a toujours eu dans la Tradition musulmane une nette distinction entre le signe symbolique (âya) et la Vérité ultime. L’Acte divin manifesté dans le temps, quelle que soit la forme qu’il revêt n’est point sujette ou objet d’adoration. Le Coran est vénéré, sacralisé, mais pas -cultuellement- adoré. Ce serait une idolâtrie. Seul Dieu est adoré, et à lui seul le culte est rendu. Entre L’Essence de Dieu, Sa Parole ontologique et la Parole phénoménale récitée et écrite, deux distances sont restées gardées (al-mubâyana).
« Ainsi Nous t’avons révélé un Esprit ( souffle) de notre part. Alors qu’auparavant tu ne savais pas qu’est-ce qu’un Livre… ». Cet Esprit coranique est encore agissant, une source toujours fraîche, intarissable. Ses effets spirituels et l’intelligence qu’il offre à la raison restent opérants et d’une grande actualité. Le divin céleste est venu faire partie de la réalité humaine terrestre à un moment donné de l’Histoire, mais il demeure toujours une Miséricorde et une Grâce à l’adresse de l’humanité.
Seule une expérience mystique profonde pourrait en dévoiler quelques mystères. En effet, certains saints de l’islam ont pu atteindre l’écoute de cette Parole comme si elle émanait directement de Dieu Lui-même, mais cette démarche expérientielle mystique de al-ihsâne -qui consiste à adorer Dieu comme si on le voyait, pour reprendre un Hadith du Prophète- en tant que proximité intérieure avec le Coran, et qui se situe au-delà de tout langage, ne pourrait faire l’objet ici d’une approche strictement rationnelle.
LE CORAN, OU LE MYSTERE D’UN SOUFFLE (RUH), communication 2012
Tareq Oubrou