Si la diversité religieuse procède d’une volonté de Dieu, alors le projet de convertir toute l’humanité s’annule de lui- même. Non seulement c’est une mission impossible, mais ce serait insensé, pour ne pas dire une folie. Mahomet est le premier à le savoir : « quels que soient tes efforts, la plupart des hommes ne croiront pas[1]. » Ce verset vient en réalité le soulager et le déculpabiliser. La foi ne peut donc s’imposer : « Dis que la vérité vient de Dieu, quiconque veut croire, qu’il croie, et quiconque ne veut pas croire, qu’il ne croie pas[2] » ; « Point de contrainte en religion. Le chemin juste s’est désormais distingué de celui de l’égarement[3] » ; « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient été croyants. Est- ce à toi de contraindre les Hommes à croire[4] ? ».
Non seulement Mahomet n’avait pas de pouvoir coercitif en la matière, mais il était surtout conscient que la conversion est une affaire intime et personnelle, et que la clé des cœurs se trouve dans la main de Dieu : « Tu ne guides pas ceux que tu aimes. C’est Dieu qui guide celui qu’Il veut[5] », lui rappelle le Coran. De manière plus pragmatique, le fait d’acculer les gens à se convertir pour préserver leur vie et leurs biens pourrait nourrir des haines et un sentiment de vengeance nuisibles à la religion concernée. Ce serait multiplier le nombre d’hypocrites dans une communauté spirituelle, et encourir ainsi le risque de faire entrer le loup dans la bergerie.
1. Coran (12:103).
2. Coran (18:29).
3. Coran (2:256).
4. Coran (10:99).
5. Coran (28:56).
Ce que vous ne savez pas de l’islam – Tareq Oubrou – Édition Fayard 2016- p52-53