Mariam, en arabe. Le chapitre 19 porte son nom. Elle est citée dans le Coran, plus souvent que dans l’Évangile. Elle est la seule femme nommée dans le Coran (32 versets). À la différence du christianisme, elle n’est pas qualifiée de mère de Dieu, puisque Jésus ne l’est pas.
Mère de Jésus
Pendant sa grossesse, sa mère, qualifiée d’« épouse d’Imran », fit le voeu de consacrer son enfant à naître à une vie religieuse. Ce fut Marie (Cr. 3 : 35-36). Elle pria alors Dieu pour qu’elle soit protégée de Satan ainsi que sa progéniture (Cr. 3 : 36). Sa prière fut exaucée selon un hadith qui affirme qu’elle et son fils Jésus furent les seuls à ne pas être touchés par Satan lors de l’accouchement (Bukhârî). Le Coran rapporte sans trop de détails le récit de sa vie depuis sa naissance jusqu’à celle de son fils Jésus (Cr. 3 : 35-47 ; Cr. 19 : 16-35…). À sa naissance, les anges se disputèrent pour savoir lequel la prendrait en charge (Cr. 3 : 44). Ce fut le Prophète Zacharie qui eut ce privilège (Cr. 3 : 37). Chaque fois qu’il lui rendait visite dans le sanctuaire (mihrab), il trouvait chez elle des fruits, ceux de l’été en hiver et ceux de l’hiver en été sans que personne ne les lui livre. Étant le seul à s’occuper d’elle, il lui demanda d’où venait cette nourriture. Elle lui répondit que cela venait de Dieu, car il donne sans compter. Ému et interpelé par la leçon de foi de Marie, Zacharie adressa immédiatement à Dieu une prière pour lui donner un enfant, alors qu’il était vieux et sa femme stérile. Sa prière fut entendue. Dieu lui donna le nom de Yahyâ – Jean (Cr. 3 : 37-40). Mais ce que Marie ne savait pas, c’est que le plus grand don qu’elle allait recevoir, mieux que la nourriture, viendrait de ses propres entrailles. Marie tomba enceinte par l’effet du Saint-Esprit (Cr. 19 : 17-21) et mit au monde celui qui sera désormais qualifié de Verbe et d’Esprit de Dieu. Au moment de la délivrance, elle s’éloigna des regards pour accoucher discrètement sans aucune assistance. L’enfant qui venait juste de naître la rassura et lui assura qu’après tout se passerait bien (Cr. 19 : 24-26). Ce qui fut.
La double innocence
Comme tout être humain, Marie est née innocente de tout péché ainsi que son fils Jésus. Elle est également innocentée des accusations qui mettaient en doute sa chasteté. Le Coran innocente Marie à deux reprises (Cr. 66 : 12 ; Cr. 21 : 91). En effet, quand elle mit Jésus au monde, elle fut l’objet de suspicion. Ce fut une grande épreuve pour elle. Son fils assura sa défense en montrant au peuple d’Israël que sa naissance n’était pas ordinaire, car lui-même ne l’était pas. Depuis son berceau, il leur parla : « Je suis en vérité le Serviteur de Dieu. Il m’a donné le Livre, il a fait de moi un prophète. Il m’a béni, où que je sois. Il m’a recommandé la prière et l’aumône tant que je vivrai et d’être bon envers ma mère. Il ne m’a fait ni tyran ni malheureux. La Paix est sur moi, le jour où je naquis, le jour où je mourrai et le jour où je ressusciterai. Je suis Jésus fils de Marie. Parole de vérité dont ils doutent encore. Il ne convient pas à Dieu de se donner un fils. Gloire à lui ! » (Cr. 19 : 31-34)
Marie, soeur d’Aron ?
Étonnés qu’elle mette un enfant au monde alors qu’elle était célibataire et consacrée à l’adoration de Dieu, les gens lui dirent : « Ô soeur d’Aaron ! Ton père n’était pas un homme corrompu ni ta mère une prostituée ! » (Cr. 19 : 28) Ce qui est intéressant ici c’est la mention d’Aaron. Ce n’est pas le frère de Moïse, qui a vécu bien avant Marie, dont il est question. En tout cas, il ne faut pas le prendre au sens premier du terme. Ce serait un anachronisme, sachant que les mots soeur et frère en langue arabe peuvent être entendus au sens de descendance ou au profil commun. Selon un hadith, il était aussi de tradition chez les enfants d’Israël de donner les noms de leurs prophètes (Muslim), ce qui a permis à des exégètes de penser qu’un saint contemporain de Marie portait le nom d’Aron avec lequel elle présentait des similitudes spirituelles, morales et ascétiques (Tabarânî). Le Coran ne s’est donc pas trompé à son sujet.
Un exemple pour les croyants
Elle est la Sainte Vierge, élue par Dieu parmi toutes les femmes (Cr. 3 : 42). Certains savants la considèrent comme prophétesse, un rang encore plus élevé. Chaste, éprouvée dans sa pureté, elle est innocentée et qualifiée de femme parfaite (Muslim). Le Coran érige Marie en modèle à suivre pour tous les croyants (Cr. 66 :11-12).
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p174 à 176