samedi, novembre 23 2024
Tous les croyants monothéistes connaissent Abraham. Pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, il est la figure tutélaire et le modèle archétypal du croyant. Abstraction faite de la réalité historique et les détails de son existence, pour beaucoup (pour ne pas dire tous) il représente la certitude de la foi qui ne s’interroge jamais : l’incarnation même d’une soumission inconditionnelle. Or le Coran est venu remettre en cause cette représentation d’Abraham.
Le Coran nous informe, en effet, qu’Abraham ne se contentait pas de recevoir les informations de Dieu sans interroger celui-ci et lui demander des explications et des preuves. Voici l’exemple de la résurrection des morts, qui fut pour lui un vrai sujet d’interrogation : « Montre-moi comment Tu ressuscites les morts ? », a-t-il demandé à son dieu. Et Dieu de lui dire : « N’es-tu pas déjà croyant ? – Mais si, mais je veux [des preuves] pour acquérir la sérénité du coeur1 », insiste Abraham. Et Dieu de répondre à sa demande sans le blâmer, car il était dans son bon droit. J’ose dire ici que Dieu, selon le Coran, préfère un croyant qui doute et s’interroge avant d’obéir qu’un croyant bête et discipliné. Cela conduit généralement aux fanatismes.
Ce qui est intéressant dans cette interrogation théologique d’Abraham – pour le musulman notamment –, c’est le commentaire qu’en a fait le Prophète de l’islam, Mahomet. Après avoir récité à ses disciples les versets qui parlent du doute d’Abraham, Mahomet leur dit : « Nous devons tous douter encore plus qu’Abraham, et à plus forte raison2 ! » Rappelons-nous que lui-même avait douté un moment de sa propre prophétie, comme nous l’avons évoqué plus haut. Ces mêmes disciples sont venus un jour se confesser à lui. Ils étaient honteux d’avoir des doutes non sur la capacité de Dieu à ressusciter les morts, mais au sujet de l’existence même de Dieu. Mahomet les rassura : « Sachez que c’est cela, le propre de la foi3. » En effet, la foi est comme un courant alternatif : elle va, elle vient. Elle est telle une sinusoïde avec des pics et des creux, des hauts et des bas.
C’est pour cette raison qu’il y a en matière de croyances une règle que le Coran respecte presque tout le temps : présenter une croyance (un dogme) comme un point de départ, un espace de réflexion et de médiation, voire d’interrogation, qui s’accompagne d’argumentation discursive, parabolique, analogique, etc. Pour ce qui est de la preuve de la résurrection demandée par Abraham, Dieu lui répond par un fait qui le convainc4. Mais comment ensuite persuader un simple croyant qui n’est pas prophète et n’a pas accès au miracle5 ? Pour ce faire, le Coran donne des exemples (amthâl6) et des analogies comme l’expérience du sommeil, présenté comme une petite mort, et le réveil comme une petite résurrection pour signifier que la mort n’est qu’un long sommeil qui sera suivi d’une grande résurrection7. Et comme le Coran est un livre ouvert sur la nature, il présente celle-ci comme la scène même de cette alternance de la mort et de la renaissance, de dégénérescence et de régénération8, avec un langage accessible aux contemporains de Mahomet9. Peu importent les conclusions que la personne en tire, qu’elle y adhère ou pas. L’essentiel est de chercher et de réfléchir. Détenir la vérité n’est pas une obligation. En dehors de ceux qui refusent de se poser des questions, les croyants qui réfléchissent risquent d’être déstabilisés par certains dogmes. Beaucoup de pratiques peuvent également être perturbantes.
Ce qui intéressait le plus Abraham le croyant n’était pas les ordres de Dieu en tant que tels, mais ses intentions. C’est l’occasion pour nous d’évoquer ici le fameux sacrifice d’Abraham, un récit qui engendre encore une angoisse pour le simple croyant. Je connais même certains musulmans cultivés qui n’osent plus raconter cette histoire à leur enfant, ne sachant comment la leur expliquer. Pris à la lettre, cet ordre de sacrifier son fils qu’aurait10 reçu Abraham donne effectivement le vertige. On pourrait presque l’interpréter comme une incitation au crime. Un dieu pourrait-il demander à un père de tuer son fils bien-aimé, qui plus est innocent ? De nombreux penseurs et rabbins juifs, théologiens et philosophes chrétiens ont dû déployer tout leur génie pour trouver une réponse herméneutique afin de contourner le paradoxe d’un dieu bon qui ordonne le sacrifice d’un enfant, pour finalement l’empêcher au dernier moment. Alors pourquoi nos prédicateurs et nos imams feignent-ils d’examiner cet événement paradoxal ?
Tout ce que les savants musulmans médiévaux y ont trouvé, en plus de l’éloge de l’obéissance inconditionnelle d’Abraham comme exemple à suivre, c’est un principe normatif abscons qui dit : « Une loi [divine] peut être abrogée avant même que le délai de sa mise en application ne soit dépassé. » Ce principe fut défendu par le théologien canoniste RâzÏ11, le Rhazès des Latins. Sauf que cette règle ne lève pas l’angoisse que procure la lecture littérale du récit. Søren Kierkegaard, penseur chrétien humaniste et existentialiste, n’était pas très loin de ces savants musulmans médiévaux, représentés par Râzî, lorsqu’il proposa sa « suspension téléologique de l’éthique12 » pour expliquer la nécessité d’une interruption provisoire des principes éthiques (ne pas tuer) et laisser apparaître quelque chose d’encore plus grand, une éthique supérieure (sacrifier son fils), comme devoir absolu envers Dieu. « La foi est une passion », conclut-il. Et comme toute passion, elle ne doute pas ! Une passion qui ne se pose pas de questions et que nous ne pouvons pas partager avec Kierkegaard dans sa justification de l’acte d’Abraham. Søren Kierkegaard essaye de justifier un acte contraire à l’éthique commune pour aboutir à une meilleure fin. Mais il omet la question de Dieu lui- même, comme l’ont négligé les savants classiques musulmans. Pourquoi celui-ci n’a-t-il pas proposé à Abraham une fin meilleure13 grâce à un moyen meilleur, sans passer par l’épreuve du sacrifice, tel un « caprice » de Dieu ? Dieu serait-il pervers ? Penser cela une seconde de Dieu, c’est pour le croyant perdre la foi.
Le récit coranique ne met pas le croyant dans cette angoisse. Il nous épargne aussi bien cette élucubration théologique de la suspension provisoire et conséquentialiste14 de l’éthique que celle des savants musulmans qui ont défendu ce concept étrange de possibilité d’abrogation d’un commandement divin avant même son exécution. En effet, le Coran n’évoque aucun ordre de Dieu de sacrifier l’enfant. Laconique, il ne dépasse pas six courts versets15, alors que la Bible fait appel à dix-neuf16 versets avec des détails plus perturbants les uns que les autres. Dans le Coran, Abraham s’adresse dans une transparence totale à son fils et lui dit : « Je vois dans le rêve que j’étais [ou comme si j’étais] en train de t’immoler [ou de me préparer à t’immoler], que penses-tu décider17 ? » Dans ce rêve, Abraham ne reçoit aucune injonction divine. Il s’est seulement vu en train de se préparer à l’acte, mais pas en train de l’exécuter18, ce qui relativise déjà sa portée significative.
Dans la Bible, au contraire, on évoque un ordre direct de Dieu : « Dieu mit à l’épreuve Abraham et lui dit : “Abraham !” Il lui répondit : “Me voici !” Dieu dit : “Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac […], offre-le en holocauste19” », dit la Genèse. Abraham agit donc dans la contrainte et l’opacité, en dissimulant son intention à son enfant. Cela suscite une tension et une méfiance très perceptibles entre le fils et son père, comme l’indique le reste du texte de la Genèse20. Dans la version du Coran, Abraham au contraire consulte son fils, incertain de la source et du sens du rêve. S’agit-il d’une révélation de Dieu ou d’un simple désir enfoui dans sa conscience profonde ? Est-ce la manifestation d’un simple zèle religieux de sa part ou bien une manipulation de Satan21 ? La réaction du fils est très fine, procédant par principe de précaution. Il lui répond : « Fais ce qu’on te demande de faire, tu me trouveras parmi les courageux22. » Il n’a pas répondu : « Fais ce que Dieu te demande de faire », car il n’était pas sûr lui non plus que ce rêve provienne de Dieu.
Dans le Coran, une chose reste claire : ni Dieu ni même Abraham n’ont décidé du sacrifice, mais le fils lui-même23. On peut déduire de cet exemple que c’est aux hommes de choisir la loi religieuse et d’en assumer les conséquences. En effet, As-Saddy, grand commentateur du Coran, rappelle qu’Abraham avait fait le vœu que si Dieu lui donnait un deuxième enfant, il le lui sacrifierait. Dieu lui donna ce deuxième enfant qui est Isaac. Une fois l’enfant devenu grand, Abraham vit dans un rêve le rappel de sa promesse24. Il est plausible que la culture religieuse à cette époque était de sacrifier aux dieux ce que l’on a de plus cher, c’est-à dire les enfants, notamment les garçons… Cette pratique a persisté dans certaines régions jusqu’à l’époque païenne préislamique. Nous en avons la confirmation dans la biographie de Mahomet dont le père, Abdallah, allait lui-même être victime de ce genre de pratique25.
Le Coran ne nomme pas non plus le fils, car peu importe qu’il soit Isaac ou Ismaël si l’on considère qu’ils sont d’une égale dignité et que toutes les âmes s’équivalent aux yeux de Dieu. Certains savants musulmans s’accordent à considérer qu’effectivement il s’agissait d’Isaac26. Au moment de l’exécution, c’est Dieu lui-même, et non plus le songe, qui s’adresse directement à Abraham en éveil et lui dit : « Tu as cru en ton propre rêve (saddaqta ar-ru’yâ) […]. » Ce que l’on peut aussi traduire par : « Tu as exécuté le rêve » ; dans le sens : « Tu as tenu ta promesse. »
Le Coran reconnaît que c’était là une grande épreuve (blâ’un mubîn27), et non pas une épreuve venue de Dieu, mais d’Abraham, qui se l’est infligée à cause de la promesse dont il était l’initiateur. Dieu lui propose alors de sacrifier à la place de son fils un bélier qu’il lui offrit28. Par conséquent, Dieu est intervenu pour éviter un massacre qui aurait été commis en son nom, et pour mettre fin définitivement à ce genre de rite, probablement répandu à l’époque. C’est l’explication la plus plausible. Il n’est donc pas là question d’un dieu dur et arbitraire qui dirait à Abraham « fais », puis « ne fais pas ! », qui empêcherait l’exécution d’un acte que lui même aurait ordonné. Même un homme de moralité normale n’aurait pas agi ainsi ! Quant à la parole attribuée au Prophète, qui dit que « le songe des Prophètes est une révélation », elle n’existe dans aucune des références classiques autorisées de la sunna29. De surcroît, tous les rêves des Prophètes ne se réalisent pas, la preuve en est que le sacrifice du fils d’Abraham ne s’est pas réalisé. Il fut empêché par Dieu. C’est pour cette raison qu’il ne faut jamais abandonner les lumières de sa raison, ne serait-ce que d’un iota, pour se fier aux rêves, aux apparitions, ni même pour croire à n’importe quelle interprétation des Écritures… Car il est établi théologiquement que Dieu n’ordonne pas l’impossible et ne demande pas l’absurde. Il n’éprouve jamais sans raison et jamais au-delà des limites de la personne30. Il peut mettre à l’épreuve, mais il n’inflige pas de peine ni de malheur.
L’ironie de cette histoire, et le plus désolant, c’est que de nombreux musulmans, et pas les moindres, oeuvrent pour une forme de marcionisme31, qui est une rupture avec les Anciennes Écritures car celles-ci renvoient à un Occident judéo-chrétien. Paradoxalement, ces mêmes personnes délaissent le récit d’Abraham du Coran pour celui de la Genèse. Ils délaissent l’Abraham qui doute pour celui qui ne doute pas et qui se soumet inconditionnellement. Et l’on s’étonne après de voir les groupes terroristes recruter parmi nos jeunes paumés ? Or le terrain est déjà balisé par ces discours religieux inconscients du danger que présente une foi qui ne doute pas, n’hésite pas et ne réfléchit pas. Cela en dit long sur la schizophrénie religieuse dont souffrent beaucoup de musulmans. Comme l’exemple de ce jeune homme qui me reprocha la référence au verset biblique32, verset falsifié par essence selon lui, alors que celui-ci a été confirmé à la lettre par un hadith du Prophète. Et je suis sûr et certain que, dans la tête de ce jeune, il y a aussi le sens littéral du récit du sacrifice d’Abraham tiré de la Genèse et non celui du Coran.
La règle chrétienne veut que l’Ancien Testament soit lu à la lumière du Nouveau, de même que pour les musulmans Ancien et Nouveau Testaments doivent être lus à la lumière du Coran. Par conséquent, le récit d’Abraham de la Bible doit être interprété à la lumière de la version du Coran, et non le contraire. Cependant, il n’est pas exclu de lire le Coran à la lumière des explications qu’apportent les Anciennes Écritures dans la mesure où il n’y a pas d’opposition frontale entre les Textes. Le but est de réconcilier les Écritures entre elles, de leur donner une cohérence, puisque en principe et en foi elles proviennent du même Auteur. Pour ce qui est des lois, la règle stipule que les lois des anciennes révélations restent valables tant qu’elles ne sont pas abrogées par la dernière révélation33, selon le principe d’allégement des lois : « Ceux qui suivent le messager, le Prophète illettré [Mahomet] qu’ils trouvent écrit chez eux dans la Torah34 et l’Évangile35. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur enlève le fardeau et les jougs qui pesaient sur eux […]36. » Enfin, pour réconcilier les deux récits du sacrifice d’Abraham, contradictoires en apparence, la seule explication plausible est de considérer que le récit d’Abraham de la Genèse contiendrait des interpolations,
c’est-à-dire des interprétations des narrateurs ou des scribes introduites dans le corps du texte destinées à l’expliquer. Ceux-ci ont probablement interprété le rêve d’Abraham comme un ordre explicite de Dieu, comme le croient beaucoup de musulmans d’ailleurs, ce que nous venons de réfuter. En effet, on trouve ce genre d’interpolations dans les paroles du Prophète lorsque les narrateurs transmettent parfois involontairement ce qu’ils ont compris plutôt que ce qu’ils ont effectivement entendu de la bouche du Prophète. Ils vont parfois jusqu’à y introduire volontairement leur propre interprétation, alors que le texte coranique est appris par cœur et à la lettre par le Prophète lui-même, puis par ses disciples, de génération en génération, jusqu’à nos jours. En effet, pour tous les musulmans il n’y a pas de risque d’interpolation dans le Coran.
 
1. Coran (2, 260).
2. Bukhârî via Abu-Huraïra, Fath al-Bârî d’Ibn-Hajar, Dâr al-Fikr, Beyrouth, 1991, t. IX, no 4537, p. 61.
3. Muslim via Abu-Huraïra, in Ikmal al-mu‘lim (charh sahîh
Muslim) de Qâdî Ayyad, t. I, p. 428.
4. Coran (2, 260).
5. Le miracle est un phénomène qui ne s’explique pas rationnellement. Généralement, il est perçu et reçu comme une exception faite aux enchaînements des faits naturels.
6. « […] Et Dieu donne des exemples [des paraboles] pour les gens afin qu’ils se rappellent », Coran (14, 25).
7. « Dieu prend les âmes lors de leur mort ainsi que celle qui ne meurt pas lors de son sommeil, Il retient celle qui subira la mort et relâche l’autre jusqu’à terme fixe. Il y a en cela des signes pour ceux qui réfléchissent », Coran (39, 41).
8. On connaît aujourd’hui quelques animaux qui peuvent régénérer une partie de leur corps, comme la salamandre, capable de refaire « pousser » sa queue lorsqu’elle la perd. Mais l’exemple le plus étonnant est celui de la méduse Turritopsis nutricula, une vraie curiosité de la nature, car elle est capable grâce au mécanisme de transdifférenciation cellulaire d’inverser le processus de la vieillesse et de revenir dans le temps afin de régénérer sa structure entière à partir de l’état de polype, son premier stade de vie, et cela de façon indéfinie.
9. « Parmi ses signes, le fait que tu observes la terre inerte, puis aussitôt que nous faisions descendre l’eau sur elle, celle-ci se soulève et croît [allusion aux plantes]. Celui qui la ressuscite est capable de ressusciter les morts. Car il est omnipotent », Coran (41, 39).
10. J’utilise le conditionnel pour les raisons qui vont suivre.
11. Fakhruddin Arrâzî, Al-Mahsûl, Muassasatu ar-risâlat, Beyrouth, 1992, t. III, p. 312.
12. Søren Kierkegaard, Crainte et Tremblement, traduit du danois et présenté par Charles Le Blanc, Payot & Rivages, 2000, p. 107-126.
13. Dans la Bible comme dans le Coran, Dieu empêcha le geste d’Abraham. Il lui offrit à la place une offrande, dont le Coran ne précise pas la nature – un « bélier » selon la Bible –, pour sauver l’âme du fils. C’est une fin meilleure pour que la promesse de Dieu faite à Abraham s’accomplisse dans sa descendance. Mais est-ce une raison pour qu’elle passe par une épreuve d’une telle violence ?
14. Théorie morale qui considère que la conséquence de l’acte constitue la base de tout jugement moral.
15. Coran (37, 102-107).
16. Genèse (22, 1-18).
17. Coran (37, 102).
18. Ibn Al-Jawzy Abdurahman, Zâd al-maçîr, Al-maktab Al-islâmî, Beyrouth, 1987 A.C- 1407 AH, t. IX, p. 72.
19. Genèse (22, 1-2).
20. Genèse (22, 7-8).
21. Qortoby, al-jâmi’ li ahkâm al-Qur’ân, Dâr al-Kutub al-‘Ilmiyya, Beyrouth, 1988, t. VIII, part. XV, p. 68.
22. Coran (37, 102).
23. Il faudrait remarquer que le fils n’a pas dit : « Fais ce que Dieu t’a demandé de faire » ou même : « Fais ce qu’on t’a demandé de faire » au passé. En effet, le verbe, conjugué au présent, laisse entendre que le fils s’attendait encore à une confirmation ou une infirmation qui viendrait explicitement de Dieu Lui-Même. Et c’est ce qui s’est passé.
24. Ibn-Jarîr Tabary, Jâmi’ al-bayân, Dâr al-Kutub al-‘Ilmiyya, Beyrouth, 1992, t. X, no 29475, p. 506-507. C’est l’avis d’un certain nombre de compagnons : Omar, Ali, Ibn-Masoud, Al-Abbâs, Jâbir, Abu-Hurayra, Ibn-Omar et Ibn-Abbâs, ainsi que d’autres exégètes et savants de l’islam.
25. Le grand-père du Prophète, Abdulmutaleb, avait promis à Dieu que s’il lui donnait dix enfants il lui en sacrifierait un. Le nom de son fils Abdullah fut tiré au sort. On lui suggéra alors de sacrifier dix chameaux à sa place, et ce, chaque fois que le tirage donnerait le nom d’Abdullah. Le tirage donna dix fois de suite le nom d’Abdullah, ce qui amena à cent le nombre de chameaux qu’il eut à sacrifier.
26. Qortoby, al-jâmi’ li ahkâm al-Qur’ân, Dâr al-Kutub al-‘Ilmiyya, op. cit., t. VIII, part. XV, p. 66-67.
27. Coran (37, 106).
28. Coran (37, 107).
29. Ibn-Kathîr, Tafsîr al-Qur’ân al-’adhîm, Dâr al-Jîl, Beyrouth, 1990, t. IV, p. 14.
30. Coran (2, 233-286) ; (6, 152) ; (7, 42) ; (23, 62) ; (86, 7).
31. Courant du christianisme primitif, créé par Marcion de Sinope (mort en 160). Celui-ci prônait la rupture du Nouveau Testament avec l’Ancien Testament. Jugé hérétique, ce courant fut considéré comme une secte et excommunié par l’Église catholique. Il s’est définitivement éteint.
32. « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance », Genèse (1, 26).
33. Ismaël ibn Kathîr, Tafçir al-Qur’ân, Dâr al-Jîl, Beyrouth,
1990, t. II, p. 58.
34. Dans la Bible, Dieu dit à Moïse : « C’est un prophète comme toi que je leur susciterai du milieu de leurs frères ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles, celles que le Prophète aura dites en mon nom, alors moi-même leur en demanderai compte. Mais si le Prophète, lui, a la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurai pas ordonnée de dire ou s’il parle au nom d’autres dieux, alors c’est le Prophète qui mourra », Deutéronome (18, 18-20). Ce passage est confirmé par le Coran, mais dans un ton plus tranchant : « Et s’il [le Prophète] nous avait attribué quelque parole mensongère, Nous l’aurions pris “par la main droite” [expression qui signifie avec force], puis Nous lui aurions tranché l’aorte et nul n’aurait été capable de s’y opposer », Coran (69, 44-47).
35. Dans l’Évangile selon saint Jean (14, 15-18), Jésus annonce à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; et moi, je prierai Dieu le Père, et il vous donnera un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous à jamais […]. Je ne vous laisserai pas orphelins. » Le Paraclet est le parakletos en grec, qui signifie « le consolateur », « l’assistant », « le défenseur ». Pour les chrétiens, il est le Saint-Esprit. Les musulmans, dans une perspective concordiste au lieu de parakletos (consolateur) lisent plutôt periklytos, qui signifie « glorifié » ou « loué », mohammed en arabe. Cette lecture est plutôt conditionnée par une raison théologique. Néanmoins, elle est réconfortée par Ibn-Ishâq qui évoque un passage dont il a pu prendre connaissance et qui parle de Jésus, selon Jean (Yuhanna) un de ses disciples, évoquant l’avènement du munhamana, mot syriaque qui signifie « le loué », mohammed en arabe. (Voir Ibn- Hichâm, As-Sirat an-nabawiyya, Dâr al-Kunûz al-Adabiyya, [s. d.], t. I, part. I, p. 232-233.)
36. Coran (7, 157).

Appel à la réconciliation : Foi musulmane et valeurs de la République française – Tareq Oubrou – Édition Tribune Libre Plon 2019- p54/66

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