Certains musulmans piétistes veulent imiter le Prophète dans tous ses faits et gestes sans distinguer dans sa vie ce qui relève du religieux, ce qui procède de la culture de son peuple ou des spécificités de sa propre personne.
Cette imitation s’apparente plutôt à une identification, et donc reste artificielle voire aliénante par nature. Ce qui serait même un sacrilège subreptice, car lorsqu’on s’identifie à une personne, on risque de projeter sur elle inconsciemment ce que nous sommes. Or, le musulman ne peut ramener le Prophète à sa petite personne.
D’ailleurs, comment une musulmane pourrait-elle s’identifier au Prophète avec la différence du genre qui la sépare de lui ?En revanche, la relation la plus appropriée avec le Prophète est la référence et non l’identification. Se référer à lui consiste à le prendre comme un exemple mais à partir de la condition culturelle et de la personnalité du musulman, singulier par essence.On pourrait même dire que le musulman non seulement est appelé à tendre vers l’exemple du Prophète, mais aussi vers Dieu, Lui-même, pour réaliser le plus possible Ses Attributs, absolument beaux et parfaits, mais à partir de l’imperfection, de la singularité et de relativité de sa condition humaine.
L’identification reste une approche psychologique qui pourrait avoir des répercussions inconscientes préjudiciables pour la religiosité du musulman, alors que la référence est plus une approche intellectuelle consciente de la distance qui sépare son être de celui du Prophète.
Quelle place pour l’Islam dans la République ? pour les Nuls – ça fait débat – FIRST Édition – 2021 – Tareq Oubrou – p144 à 145