Mahomet était conscient qu’exercer le pouvoir politique comme mission temporelle ne faisait pas partie de ses attributs apostoliques, encore moins de ses ambitions personnelles. Il n’accepta que le titre de : « Serviteur et Envoyé de Dieu » (Abdullah wa Rasûluh).Déjà à La Mecque et dès le début de sa prophétie, les Mecquois lui proposèrent de l’introniser roi, à condition qu’il renonce à sa prophétie.
Il repoussa l’offre énergiquement (Ibn-Hicham). S’il avait été avide de pouvoir politique et de pouvoir spirituel, il aurait pu accepter puis diffuser insidieusement sa religion, comme il en était d’usage généralement des rois et des empereurs de l’époque, lesquels une fois sur le trône imposaient souvent leur religion à leurs sujets par la dissuasion, voire par la coercition du pouvoir s’il le fallait. Il ne l’a pas fait.Même une fois devenu chef temporel à Médine, il déclina radicalement le titre de roi, annonçant sans appel : « J’ai choisi d’être envoyé de Dieu et un simple serviteur » (Ahmed).
Il avertit ses disciples en ces mots : « Ne me placez pas plus haut que mon rang. Je suis d’abord un serviteur avant d’être un Prophète ! » (Tabarânî). Quand il aperçut une personne impressionnée par son charisme et tremblant d’émoi, il s’empressa de la rassurer : « Ne t’émeus pas, je ne suis pas un roi, mais un simple fils d’une femme de Quraïche qui, comme tous, mangeait de la viande sèche ! » (Ibn-Mâjah).Il n’aimait pas les glorifications et la vénération de sa personne.
Ses disciples se gardaient même de se lever pour l’accueillir, car ils savaient que cela le gênait beaucoup (Termidhî).Le Coran résume ainsi l’essentiel de sa fonction : « C’est Lui qui a envoyé à des gens qui étaient sans Livre (Arabes), qui leur apporte Ses versets (Révélation), qui les éduque (purifient), leur enseigne (explique) le Livre et la sagesse » (Cr. 63, 2). Il n’est pas question de fonction politique.
Quelle place pour l’Islam dans la République ? pour les Nuls – ça fait débat – FIRST Édition – 2021 – Tareq Oubrou – p69 à 70