Le Texte coranique n’est pas organisé en fonction d’une quelconque thématique aisément identifiable. Son discours apparaît de prime abord discret, discontinu. Il vient répondre à des événements précis (asbâbu an-nuzûl) dans le temps, mais l’ordonnance scripturaire des Versets et des Sourates ainsi que les sujets qui y sont traités obéissent à une autre réalité, celle du contexte intra-scripturaire (as-siyyâq). Il y a une chronologie, de la Révélation, de la descente (tanzîl), qui n’est pas traduite dans le Texte. C’est pour cette raison que l’agencement scripturaire ne se laisse pas aisément intellectuellement saisir si ce n’est qu’après une extraction fine du sens (istinbâte). Ceci fait que le genre littéraire du Coran reste réfractaire à l’organisation classique des textes que nous connaissons.
C’est dans le contenu sémantique immédiat des Versets, souvent volontairement ambivalents (mutachâbih) voire amphibologiques (muchkil), qu’on va chercher le sens, mais pas exclusivement. Il faudrait aussi l’explorer dans les interstices des discontinuités du contexte scripturaire et historique de la Révélation. C’est-à-dire dans le Texte et en dehors de lui, dans son histoire. Ces territoires de la connaissance herméneutique du Coran, pourtant obligés, sont négligés. Ils permettent de donner une unité au sens et lever les contradictions qui ne sont que fictives. (…)
Le Coran, la modernité et l’ijtihad – Tareq Oubrou