Je pense que l’islam comme le christianisme sont deux religions universalistes, prosélytes, qui conçoivent la vérité comme un partage avec autrui. Par contre il ne faut pas passer de la générosité au désir d’intégrer en imposant ses convictions par force. Il y a toujours cette propriété première : c’est Dieu qui jugera. Il y a un ensemble de passages dans le Coran qui dit que la diversité est un vouloir divin: « Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns et les autres par les bonnes actions. Votre retour à tous se fera vers Dieu, il vous éclairera au sujet de vos différends » (Sourate 48-verset 5).
Il ne s’agit même pas de tolérer, il s’agit de respecter le sixième pilier de la foi qui est le destin et de composer avec lui. La diversité est un signe de l’unicité de Dieu. Dans le Coran, parmi les signes de Dieu, il y a la diversité du ciel et de la terre et la diversité de vos couleurs et de vos langages : » Et parmi Ses signes la création des cieux et de la terre et la variété de vos idiomes et de vos couleurs. Il y a en cela des preuves pour les savants » Sourate 30-verset 22). Polymorphisme génétique et culturel sont des données divines qu’il faudrait respecter. Comment lire ma foi et Dieu à travers cette situation d’aujourd’hui qui est unique dans l’histoire de l’humanité. C’est la première fois que l’humanité se découvre dans sa diversité avec les moyens de communication dont nous disposons. Il y a un effondrement des frontières des États nations et la circulation des cultures et des religions. L’humanité se découvre dans sa complexité, dans sa diversité. Comment rebâtir une théologie à la lumière de cette réalité humaine. Voilà le défi que nous devons affronter.
Tareq Oubrou – Conférence sur le Vivre Ensemble – 2013