vendredi, novembre 22 2024

Une histoire du progrès.

Pour les grecs l’avenir n’était pas déterminant. Quand Hérodote, Thucydide et Polybe ont relaté les évènements historiques de leur époque, ils n’ont pas permis aux philosophes d’en déduire chez eux l’existence d’une quelconque philosophie de l’histoire. Ils ne faisaient donc pas l’histoire dans la pensée que tout ce qui s’était jusqu’alors produit n’accomplirait son sens que dans l’avenir.
Les événements futurs seraient soumis aux mêmes lois que ceux qui les précèdent, parce que la nature des hommes reste essentiellement la même et que « c’est la nature de toutes choses que d’apparaître et de disparaître » (Thucydide) et donc ne pensaient aucune histoire du monde pourvue d’un sens. C’est peutêtre là leur philosophie de l’Histoire. Ce sont les Pères de l’Eglise qui développèrent une vision linéaire de l’Histoire à partir de la prophétie juive et de l’eschatologie chrétienne, selon une théologie de l’Histoire qui s’étend de la Création jusqu’à la rédemption et au Jugement dernier. C’est Saint Augustin, pour être plus juste, qui fût le fondateur de cette théologie de l’histoire en rompant radicalement avec la théorie classique d’un retour cyclique, parce que le christ est mort une fois, pour toutes, pour les péchés des hommes, ressuscité d’entre les morts, il ne meurt plus. Il y a là pour le christianisme une efficience linéaire de l’histoire qui a abouti à ce but ultime. Saint Augustin baptisa ainsi la droite doctrine qui mène à un but dans l’avenir, tandis que « les mauvais se meuvent en rond », dit-il signifiant les grecs, païens.
Le cercle d’après les Anciens présente le seul mouvement parfait, car clos sur lui-même et sans fin, alors que la croix pour les chrétiens est le symbole de la vie dont le sens parvient à son accomplissement en atteignant un but. Que ce soit pour un Nietzsche ou un Kierkegaard, le christianisme et le paganisme -la croix et le cercle- en ce domaine restent inconciliables. Jamais la foi chrétienne en la Création ne peut s’accorder avec la théorie antique de l’éternité du monde, le cycle avec l’eschaton, et la reconnaissance païenne du fatum avec le devoir d’espérance chrétienne. L’Homme moderne, « postchrétien », pour sortir du christianisme, imagina une philosophie de l’Histoire qui sécularisa le principe théologique de l’histoire du Salut en conservant la linéarité de l’Histoire mais dans un accomplissement terrestre de son sens.
C’est le souhait révolutionnaire de réaliser le « Royaume de Dieu », qui a fini par être le point décisif et l’origine de toute culture du progrès et le début de l’Histoire moderne. La confiance chrétienne en un accomplissement eschatologique futur a fini par se perdre dans cette inertie de l’Histoire pour la conscience moderne, laquelle a gardé d’une manière positive et sécularisée la vision de l’avenir en tant que tel. L’attente de la Cité de Dieu fut remplacée par l’action pour réaliser une société parfaite. Au fond, cette philosophie du progrès radicalement profane a continué l’inertie du pro cursus d’Augustin en passant par le « progrès hégélien », dans la conscience de la liberté, jusqu’à l’attente, chez Marx, d’un royaume terrestre de la liberté. En ce domaine l’homme moderne est resté positivement plus chrétien que grec, malgré la tentative Nietzschéenne avec son « éternel retour du même ».
La thèse de Darwin qui se résume, au risque de la caricaturer, à une sélection naturelle en fonction de l’environnement qui en variant sélectionne les meilleurs et fait disparaître ceux qui sont inaptes à s’adapter, une évolution procédant du hasard et de la nécessité. Cette vision, elle-même, est venue dans un climat et un environnement favorables de l’histoire des idées et qui renforça le paradigme occidental du progrès. Dès son apparition, elle séduisit totalement Marx qui écrivit à Engels faisant remarquer que le livre l’origine des espèces contient les principes d’histoire naturelle adaptés à leurs vues. Bien qu’elle se veut scientifique se limitant à la stricte observation, la théorie darwinienne, fût marquée par les doctrines de Malthus, Adam Smith et Ricardo et par les conditions économiques et politiques de l’époque victorienne.
Le modèle darwinien fut une traduction, sur un plan biologique, de la situation sociologique du début de l’ère industrielle. Une sorte d’utilitarisme biologique conforme à l’idéologie régnante, selon Ludwig VON BERTALANFFY.
Ainsi l’évolution naturelle rejoignit le camp du progrès culturel. Cette vision linéaire du devenir (culturel et biologique) humain aura un impact décisif sur la pensée occidentale et toute préoccupation touchant au pourquoi de l’Histoire et son sens.
Bref, la perspective téléologique chrétienne de l’Histoire a donc appelé une autre, celle d’une philosophie de l’Histoire ayant la prétention de savoir le plan du salut et qu’à son point extrême il en a résulté la prétention de savoir ce qui advient dans l’Histoire et de connaître son ordre, de la même manière que la science connaît, de son côté, ce qui advient dans la Nature ; et comment à partir d’un tel savoir, planifier et faire deviennent possibles.
La vision de l’Histoire comme progrès s’exprimant dans le développement de sa positivité aussi loin qu’il est possible, consiste à imaginer un monde à venir qui s’annonce au présent, une vision d’un avenir légitimant le présent, par delà toute clôture morale.

Le progrès technoscientifique et le déplacement global des frontières identificatoires.

La vision linéaire, voire déterministe, de l’Histoire et évolutionniste de la Nature que nous venons sommairement d’évoquer est au fondement de la condition moderne présente. Elle règne sans partage sur les mentalités et sur notre mode de penser. Cette vision du monde forgée au dix-neuvième siècle a continué le long du vingtième siècle et reste dominante dans ce début du vingtième siècle, de manière encore plus accélérée. Ce paradigme du progrès et de l’évolution n’a épargné aucun domaine y compris celui de la machine, où l’on pense fabriquer, selon le concept de la robotique évolutionniste, des robots capables d’évoluer d’eux-mêmes en fonction de l’environnement qui en sélectionnerait les plus aptes, et donc seraient capables d’opter des mutations informatiques électroniques à l’instar des mutations génétiques qui permettent selon le néodarwinisme de faire évoluer une espèce. Une autre réalité se dessine, aux contours flous. Elle brouille totalement les catégories les plus fondamentales, l’animé et l’inanimé, l’humain, l’animal et la chose, la vie et la mort. Nous sommes déjà dans l’ère de la « machination » de l’Homme, en y intégrant des pièces mécaniques et composantes électroniques (puces) pour augmenter sa puissance, et de la « biologisation » de la machine, en y intégrant des éléments et des unités biologiques, des organites cellulaires, pour la rendre plus « vivante ».
L’humanité serait bientôt confrontée à une véritable angoisse face à cet effondrement des repères identificatoires. Et si l’on croit Heidegger qui disait que la technique a le projet d’arraisonner le monde, alors plus que jamais le pouvoir de domination n’est présent qu’aujourd’hui, mais on lui donnera toujours un contenu scientifique pour le faire accepter. À ce niveau d’évolution exponentielle des techno sciences, un point attire-t-il notre attention particulière, celui de la relation Etat-Science. Théoriquement l’Etat est neutre par rapport à la religion, le mythe… L’Etat et l’idéologie, l’Etat et l’Eglise, l’Etat et le mythe sont, en principe, soigneusement séparés. Or il n’existe pas encore de séparation entre l’Etat et la Science, car jusqu’à présent on estime que les théories de la science donnent une image du monde plus juste que les autres idées (religieuses, mythologiques, magiques…). La parole des scientifiques est déterminante, elle a remplacé celle de l’Eglise, sur les questions d’éthique et sur les produits technoscientifiques qui impliquent le devenir de toute la société. En beaucoup de domaines les scientifiques sont presque les seuls qui influent les décisions de l’Etat, mais souvent ils sont également instrumentalisés par celui-ci. Séparer la Science de l’Etat, comme le prône Paul Feyerabend, placerait la communauté des scientifiques au même niveau que les autres groupes de la société. Ce qui constituerait un contrepoids aux avis, choix ou décisions scientifiques qui ne sont pas, non plus, à l’abri des idéologies, des croyances, des mythes et surtout de l’influence des industriels qui se plient aux seules exigences de l’« économicisme ». Cet extrémisme économique qui profite de la mondialisation impose une recherche scientifique appliquée, appliquée bien à des intérêts financiers, au mépris la recherche fondamentale que l’Etat aujourd’-hui est incapable de financer convenablement afin d’établir un équilibre par rapport aux pressions idéologiques et économiques dans l’orientation des recherches.

L’égalité des sexes, comme lieu de tension entre culture et Nature.

Le paradigme évolutionniste généralisé a généré plusieurs « artefacts » ou expressions de la modernité. Celui qui nous intéressera ici c’est bien évidemment l’évolution sexuelle. Une des grandes féministes, E. Badinter, idéologue symptomatique et symbolique de cette lecture du progrès et de l’évolution, nous décrit -ou nous propose- un Homme capable de créer sa propre évolution non seulement psychologique -et donc culturelle- mais biologique, révolutionnant ainsi complètement les deux catégories « traditionnelles » : masculin et féminin. Ce progrès culturel ira dans le sens de la convergence. La nature humaine n’a pas d’essence fixe. On aurait compris l’impact d’un certain existentialisme sur cette idéologie. Mutante, radicalement labile et en permanence instable et en devenir, notre idéologue a essayé de décrire la trajectoire de l’évolution de cette « nature » ainsi que son point oméga : la ressemblance des deux sexes. L’évolution biologique, éthologique -et par conséquent morale- touchera ainsi l’espèce humaine dont une certaine homosexualité moderne bien particulière -celle d’après Guerres-mondiales n’est qu’une simple étape dans cette évolution. La dissociation de la « notion » de féminité de celle de « maternité » sera possible par l’invention de « homme enceint » et par le clonage, lesquels réalisables grâce au développement et aux promesses de la biologie et de la médecine.
Ce qui est réalisable sera réalisé et/ou à réaliser. C’est le principe directeur moderne du progrès. Cette quête des possibles en l’absence de règles claires fait de ces possibles des sources de valeurs. La culture désenchantée selon cette idéologie prend la double allure de la normalité et la normativité, alors que la culture a toujours été perçue comme un processus qui vient souvent appuyer une différence biologique et non la créer. Elle ne fait que donner de la signification aux activités humaines, dans le sens que ces significations sont « secrétées » par la pensée ou par l’affectivité des humains (hommes et femmes). Elle les marque même en amplifiant certains domaines en lien avec le cycle de leur vie et en orientant la division des rôles dans la société. Ce rapport se traduit dans la complémentarité qui a toujours été une permanence anthropologique, entre les hommes et les femmes, avec des rôles différents selon les cultures. C’était la perception traditionnelle de la relation entre Nature et culture. Le comportement humain y était considéré comme la conséquence directe de la biologie : nous agissons ainsi parce que nous sommes ainsi faits. « Par Adam nous avons péché », c’est le dogme qui a marqué le Moyen âge occidental. Le refus de ce type de déterminisme biologique est l’une des tendances les plus importantes de la science et de la culture du XX siècle. Nous sommes arrivés à penser que les influences de la classe et de la culture sont plus déterminantes que les prédispositions de notre structure génétique. Mais on l’a remplacé par une autre forme de déterminisme évolutionniste.
C’est dans cette inertie de l’Histoire du progrès et de l’évolution des mentalités que l’idéologie égalitariste est venue s’exprimer sous la plume de E. Badinter, pour nous décrire, sous forme de prédiction, une évolution naturelle de notre espèce -évolution biologique et psychologique, qui se fera par la culture, laquelle ne serait plus une expression de cette même Nature, un simple traducteur de celle-ci, mais un pouvoir humain capable d’agir sur elle et de la modifier. Une première dans l’histoire du vivant. À la différence, c’est qu’elle s’accomplirait, cette fois-ci, selon la théorie du transformisme du Français Lamarck (évolution finaliste procédant de la nécessité sans hasard). Une sorte de revanche du lamarckisme sur le darwinisme. La transmission des caractères acquis se faisant, selon Lamarck, grâce à l’environnement, une fois appliqué à notre sujet, ce changement naturel et génétique se ferait par la culture. C’est dans cette perspective lamarckienne que vient s’inscrire la théorie des mèmes de R. Dawkins.
Les mèmes sont les comportements et les idées copiés par imitation de personne à personne, de génération à génération, au sein d’une culture. Selon cette théorie, les mèmes qui ont le plus de succès, finissent par décider quels sont les gènes qui leurs sont les plus favorables. Il s’agit alors d’un « pilotage mémétique », c’est à dire un mécanisme de commande génétique assuré par le mème. On sait que le gène est sélectionné par les contraintes naturelles, selon le néodarwinisme. Mais pour le transformisme néolamarckien, l’adaptation morphologique imposée par les contraintes et les lois de la compétition qu’impose la nature peuvent se traduire au niveau génétique. Cette dernière vision une fois reprise par la théorie des mèmes permet d’avancer la possibilité pour une culture d’avoir un impact sur la modification génétique de l’homme. Même si elle est contestée, elle reste une logique du changement de la nature humaine par la culture que les faits concrétisent de plus en plus. Autrement ce n’est plus la Nature qui fera évoluer, naturellement, biologiquement l’Homme, mais c’est l’Homme lui-même, par l’intermédiaire de sa culture (notamment les biotechnologies, la biomédecine…), qui réalisera cette évolution biologique. Ce mode nouveau de l’évolution risque de réduire des pans considérables de notre humanité à un phénomène dépourvu de sens. Mais peut-être que le sens est déjà là : c’est l’évolution et le progrès, où le non sens est le sens même.
Dans ses deux livres « L’identité masculine » et « L’un est l’autre », E. Badinter nous décrit justement une possible évolution sexuelle. Son récit historique et ses analyses psychologiques et sociologiques de l’évolution ou de la révolution sexuelle, ne peuvent être totalement contestés. Toutefois, comme dans ce type d’essais, la sémantique n’est pas nue de toute « norme », elle est souvent agissante. L’historique et la sociologie de cette évolution sexuelle y sont tacitement autant prescriptifs que descriptifs, autant performatifs qu’assertoriques, dans le sens kantien. Selon la théorie mémétique précitée, les idées qui y sont, procèdent de mèmes intellectuels ; une fois banalisées, reprises et répétées de génération en génération, une fois l’environnement sociétal favorable, elles finiraient par se traduire dans la réalité. En somme, cette idéologie relève en quelque sorte d’une théorisation pour l’extinction de l’actuelle espèce humaine, tout du moins occidentale, pour que l’« ancienne humanité » cède la place à une « humanité mutante », une évolution, progrès, vers un post-Homme, dont la reproduction serait découplée de la sexualité, laquelle reproduction serait (sera) possible grâce à la sophistication et l’évolution des techno-sciences et particulièrement par le développement de la génomique.
Le travail esthétique est la pédagogie actuelle pour initier cette évolution biologique. Elle prépare les esprits pour l’accueillir en même temps qu’elle l’oriente et l’inspire. La création artistique, représentée, par exemple, par la compagnie américaine Osseus labyrint qui appartient au courant du Body-art, propose à cet effet un projet de corps ambigu, celui d’un humain qui ne reproduit pas les dominations et les inégalités habituelles mais qui les transcende. Maxence Grugier suggère le corps d’un « mutant techno biologique », humanimal, transgressant les règles traditionnelles, communes au reste de l’humanité, et en particulier les dualités, homme/femme, bien/mal, corps/âme. La chorégraphe Maguy Marin dans cette même optique réalisa une chorégraphie du XXIe sous-titré « femmes et hommes », sans qu’aucune motricité particulière, aucun rôle spécial ne soit réparti en fonction des sexes. Elle y propose l’effacement de la distinction des genres.
Le travail artistique, esthétique, qui s’inscrit dans cette idéologie égalitariste est lui-même aidé et travaillé par la technologie de l’image qui plonge le corps dans l’électricité, le secoue par les projections numériques, le fait baigner dans le flot de l’imagerie synthétique, réinventant des figures mythiques. Il s’agit dans cette phase de l’évolution culturelle d’un travail esthétique sur le phénotype en attendant l’évolution vers l’unification du génotype. D’une ancienne vision de complémentarité entre les deux sexes, nos sociétés modernes en ce domaine seraient alors dans une logique déterministe de l’Histoire, arrachée au déterminisme théiste puis sécularisé, condamnées à évoluer selon cette idéologie qui gommerait toute différence et du sexe et du genre.
L’archéologie de cette tension entre nature et culture qui caractérise de plus en plus notre modernité tardive, remonte -et passez-moi cette « obsession généalogique »- à deux visions antagonistes : l’une biblique judéochrétienne et l’autre mythologique grécoromaine. Le rapport contradictoire, entre une culture du progrès et une nature « handicapante » peu trouver, en effet, ses sources dans un récit à deux variantes : biblique et mythologique. La Bible dans la Genèse nous rapporte que Dieu avait interdit à Adam de manger de l’arbre de la connaissance, source du péché originel ; et la mythologique grecque nous rapporte la résistance Prométhéenne contre un dieu cachant le savoir au genre humain. Ces deux récits se rejoignent subrepticement, sauf qu’au lieu d’être soumis et repentant, comme Adam, c’est par un processus de révolte contre Zeus, que Prométhée a pu divulguer le secret de l’utilisation du feu, et enseigner les arts. « C’est de Prométhée que toute science vient aux mortels ». Cette tension entre l’humain et l’Ordre divin -entre la Raison et la Révélation est au fondement, entre autres facteurs historiques, de la vision séculière de la science occidentale avec toutes ses incidences technologiques sur l’avenir du vivant. Cette vision est confortée indirectement par une autre lecture biblique -voire talmudique, où la Création de Dieu serait uneoeuvre inachevée et dont la perfection et la réalisation du dessin incombe à l’Homme lui-même. Je ne m’étalerai pas sur cette herméneutique biblique de la Création qui sous-entendrait un faillibilisme de Dieu.
Avec la science moderne on pourrait, en tout cas, corriger une erreur biologique, une erreur de la Nature, qui ne serait en définitive que celle du Créateur Lui-même, en mettant la femme au même niveau ontologique, biologique… que l’homme, selon cette vision égalitariste, de ressemblance.

En attendant une égalité absolue.

Le discours dominant sur une certaine égalité revendiquée exclut par essence tout partage et orientation des rôles, de places et de domaines, que Parsons et Bales ont prôné et appelé par une « démocratie asymétrique ». Selon ces deux auteurs, celle-ci permet à la spécificité des deux orientations de fournir la base d’une autoréalisation positive aux membres de chaque groupe de sexe. Que l’homme, pour cette vision des choses, occupe une activité et la femme une autre, voilà l’égalité envolée, estimeront d’aucuns. Mais comment alors reconnaître que la femme, comme le pensent
même une catégorie de féministes est, de par son corps, »désavantagée » physiquement et continuer parallèlement ou paradoxalement à prôner une mythique égalité, qu’il suffirait d’espérer pour lui permettre de se concrétiser ?
Une esquisse de réponse est donnée par John Rawls dans un passage de son célèbre ouvrage sur la théorie de justice : « Personne ne mérite ses capacités naturelles supérieures ni un point de départ plus favorable dans la société, dit-il. Mais, bien sûr, ceci n’est pas une raison pour ne pas tenir compte de ces distinctions, encore moins pour les éliminer.
Au lieu de cela, on peut organiser la structure de base de la société à ce que ces contingences travaillent au bien des plus désavantagés. Ainsi, nous sommes conduits au principe de différence si nous voulons établir le système social de façon à ce que personne ne gagne ni ne perde quoi que ce soit, du fait de sa place arbitraire dans la répartition des atouts naturels ou de sa position initiale dans la société, sans donner ou recevoir des compensations en échange… la répartition naturelle n’est ni injuste ni juste… Il s’agit seulement de faits naturels. Ce qui est juste ou injuste par contre, c’est la façon dont les institutions traitent ces faits ». Cet aspect général de la théorie de la justice comme équité chez J. Rawls peut être valable, dans une certaine mesure, au domaine lié aux « caractéristiques » de chaque sexe. La légalité d’une loi doit trouver sa justesse en se nuançant en fonction des « inégalités naturelles » (pris ici dans le sens des différences naturelles) en les rendant moins handicapantes. Il faudrait éviter, à ce niveau, la confusion que certaines idéologies égalitaristes commettent concernant le concept de l’égalité devant la loi et l’affirmation que tous les individus sont égaux naturellement et de fait. Or les individus ne naissent pas égaux biologiquement, intellectuellement… et même socialement. « Le spécialiste de sciences sociales, écrit Doreen Kimura, qui refuse obstinément l’idée que la biologie joue un rôle important dans les variations du schéma cognitif d’une personne à l’autre n’est plus un scientifique, il est devenu un idéologue… Le sexisme, le racisme et l’égalitarisme peuvent tous être considérés comme des idéologies dans la mesure où sont des engagements dans un système de croyances sans support empirique ». Mais l’idéologie égalitariste va souvent plus loin en avançant que les individus seraient égaux s’ils avaient les mêmes stimuli de l’environnement (éducation, alimentation, cadre de vie, opportunité…) et ils atteindraient tous les mêmes compétences. Il faut dire que c’est là une idée, qu’il est difficile à faire admettre, car le réel sociétal la dément chaque jour malgré les avancées réalisées dans le sens de doter la femme de tous les mêmes moyens donnés à l’homme, pour assumer son autonomie. En effet, « les progrès de la femme, écrit Bourdieu, ne doivent pas dissimuler les avancées correspondantes des hommes qui font que, comme dans une course à handicap, la structure des écarts se maintient. L’exemple le plus frappant de cette permanence dans et par
le changement est le fait que les positions qui se féminisent sont soit dévalorisées (les ouvriers spécialisés sont majoritairement des femmes ou des immigrés), soit déclinantes, leur dévaluation se trouvant redoublée, dans un effet boule de neige, par la désertion des hommes qu’elle a contribué à susciter ». Bourdieu constate également que la politique néo-libérale visant à réduire la dimension sociale de l’Etat et à favoriser la « dérégulation » du marché du travail, conduira à ce que dans l’espace social les femmes aient en commun d’être séparées des hommes par un coefficient symbolique négatif. On peut constater que pour l’instant la « Nature » résiste à la culture.
Sans sombrer dans le biologisme -idéologie qui réduit le phénomène humain à la seule explication biologique- et sans réduire l’individu uniquement à son seul registre sexuel – ce qui est loin de l’intention de nos propos, il faut reconnaître que les aptitudes ne sont pas toujours et systématiquement et dans tous les domaines identiques chez les deux sexes. Il
s’agit d’une réalité de la vie que nul être sensé ne peut nier, sauf pour des idéologies qui sont aveugles devant la réalité, plus soucieuses de la changer que de la voir en face et de la comprendre. Si l’homme reste moins bien situé que la femme -et donc il n’est pas égal à la femme dans certains domaines et la femme moins bien placée que l’homme dans certaines activités cela doit être pris en considération par le droit en tant que lecture juste devant les
inégalités biologiques, sociales… Et dans ce cas au lieu de parler de l’égalité d’une façon absolue, ne serait-t-il pas plus précis, plus réaliste et plus pertinent de parler de la justesse en envisageant un possible concept d’ « inégalité juste » ?
Notre intention, ici secondaire, est tout simplement d’attirer le regard vers d’autres aspects qui ne sont pas mis assez en relief, comme l’a fait S. Agacinski dans son livre « Politique des sexes ». Cette auteure redoute que les vieux modèles de libération ne nous aient un peu aveuglés et aient alimenté le mépris du rôle traditionnel des femmes. Tout en s’opposant à l’enfermement de la femme dans le foyer -ce qu’on ne peut que partager entièrement-, elle pose la question : « fallait-il pour autant tout miser sur l’extérieur et sur les modèles masculins ? » et propose « de changer à la fois les façons de travailler à l’extérieur et la vie domestique afin de rendre la vie économique compatible avec la vie privée et de concilier l’économie domestique avec le système économique global » ; elle ajoute que : « Si on a mis de plus en plus en évidence, à juste titre, la nécessité pour les femmes de gagner leur vie « au dehors », pour conquérir leur liberté économique, on a trop peu souligné le scandale de la gratuité du travail à l’intérieur, qui se perpétuait le plus souvent, comme si l’exclusion de la maison par l’économie moderne allait de soi », fit-elle remarquer Voilà qui nous change un peu de l’idéologie de « l’un est l’autre ».
La famille comme lieu d’épanouissement de l’enfant et de sa socialisation, entre autres, est une des questions centrales de notre société, liée directement ou indirectement à notre sujet de l’égalité des deux sexes. Il est vrai que l’Etat prend en charge l’enfant et le protège (économiquement et juridiquement) quelle que soit la nature de la famille à laquelle il appartient, mais indirectement dépossède la famille d’elle-même, la rend de plus en plus incertaine et rend son rôle dans la société de plus en plus ambigu. Or, l’Etat fort de son service public, aujourd’hui sous l’effet de la mondialisation et une économie de plus en plus libérale, a du mal à assumer le bon fonctionnement d’un système qui jusqu’alors permettait une certaine égalité et cohésion sociale. Le droit qui était en adéquation avec un modèle socialement protecteur, obéit de plus en plus au exigences d’une économie agressive. Le passage de la décision du marché à la décision politique, puis au juridique s’effectue dans un automatisme régulier dans tous les domaines.
Les lois de parité, sont adoptés dans ces conditions économiques difficiles. Elles s’inscrivent en effet dans un souci d’égalité. Mais perçues comme une discrimination positive par cotas, elles élimineraient paradoxalement des compétences, masculines. On est là dans un dispositif juridique -d’une contradiction manifeste- qui d’un côté veut établir une justice mais au détriment d’une autre. Or les places sont occupées en fonction du mérite et de la compétence et non pas en fonction d’un quelconque cota lié au sexe, fort ou faible soit-il. Une autre conséquence, la
marginalisation de celle qu’on veut défendre, la femme. Prenons l’exemple du travail de nuit qui a été longtemps interdit aux femmes et qui est depuis lors permis par la loi. Aujourd’hui, une femme salariée ne peut le refuser à son patron, si celui-ci l’exige. Cette loi dans les faits renforce la logique de la concurrence sur le marché du travail, sans protection pour la femme. Elle s’inscrit plutôt dans un darwinisme social, où seul le plus apte survivra. Autrement dit, une égalité de droit qui produirait une inégalité de fait, une exclusion ou contrainte, avec des conséquences physiques et psychiques négatives, dont la première victime seraient les femmes, surtout celles qui sont en bas de l’échelle sociale. Cette évolution du juridique vers l’uniformisation des lois en abstraction des sexes, sans adaptation, ni souplesse, conduirait à appauvrir le féminin et à stériliser à long terme la société. Et en attendant « l’homme enceint » de Badinter et dans l’attente aussi qu’un jour la femme, à l’exemple de l’homme, puisse procréer en dehors de son corps, le procédé de renatalisation n’est pas des moyens financiers et sociaux donnés aux familles et aux femmes, en particulier, pour celles qui désirent avoir des enfants, mais plutôt l’ouverture des frontières aux flux migratoires compensateurs du déficit démographique. Entre temps, la distinction entre féminité occidentale et maternité peut prospérer grâce à la « réserve anthropologique », ce « stock humain » que constitue les pays sous-développés, en vue de solutions et de mutations dont serait capable la génétique et en l’attente d’un droit favorable qui les permettraient, malgré les protestations et les indignations actuelles. Que l’on s’entende bien, il n’est pas question ici de prôner la femme « pondeuse d’ovules », de la réduire à une machine à produire des enfants ou de la talibaniser socialement, de lui retirer son droit à gérer son corps en recourant au contraceptif ou encore de lui créer des obstacles juridiques en ne lui permettant pas de choisir le travail qu’elle veut et de s’assumer comme être autonome sans tutelle. Ce qui serait grossier. L’approche ne se situe pas à ce niveau du progrès louable en matière du statut de la femme qui présente à plusieurs égards une vraie avancée grâce justement à la science, à la démocratie…
En faisant ce constat, nous sommes en même temps conscients de la difficulté de trouver un équilibre des valeurs et du droit avec la réalité objective en ce domaine. Nous sommes conscients aussi que nous sommes confrontés à un vrai tabou qui pèse et qui empêche l’installation d’un débat serein. Cependant, il faut essayer comme l’a fait Bourdieu : « Je me suis aventuré, avoue-t-il, après beaucoup d’hésitations et avec la plus grande appréhension, sur un terrain extrêmement difficile et presque entièrement monopolisé aujourd’hui par des femmes. ».

Quel modèle réaliser ?

La question cruciale qui se pose à un certain égalitarisme radical et jusqu’au-boutiste est de quel modèle la femme doit-elle s’émanciper et pour réaliser quel modèle ? Or ignorer dès le départ les différences, la division des deux sexes, l’idéologie égalitariste serait bien obligée d’opter pour l’un des modèles, celui de l’homme bien sûr. La logique « universaliste », s’opposant au « différentialisme », aura à surmonter l’androcentrisme ancien, ce phallocentrisme

encore pesant. Or ce type de féminisme est entrain de devenir paradoxalement et monstrueusement -dans le sens génétique- sa forme moderne. Il est illustré entre autre domaine par le développement d’un certain type de sports, tel que le culturisme, qui permet de travailler anatomiquement le corps féminin pour se conformer le plus possible aux

étalons physiques de l’homme. Car incapable de trouver d’autres sources où s’abreuver, ce féminisme égalitariste -conscient ou inconscient, idéologique ou non- en voulant réduire jusqu’à l’insignifiance la différence homme-femme ferait allégeance à l’idéologie masculine, renforçant le paradigme masculin à penser l’espèce humaine. Ce qui reviendrait à une autre forme de soumission de la femme au modèle masculin jusqu’à ne revendiquer plus rien d’autre, c’est à dire aller jusqu’à l’abdication du féminin, sa disparition, par la fusion à l’idéologie de l’autre (l’homme). Cette erreur monumentale de S. Beauvoir est à éviter. Avec son « deuxième sexe », celle-ci a effectivement lancé le pavé dans la mare, mais elle n’a pu sortir de la domination intellectuelle qu’exerçait sur elle Sartre. Son ouvrage n’est qu’une illustration de la théorie de l’Autre de Sartre. « Ainsi, note S. Lilar, alors même qu’elle se voulait chantre de l’émancipation égalitaire de la femme, Simone de Beauvoir, plus que jamais, faisait acte d’allégeance à ce qui, pour elle, personnifiait le mâle, à savoir Sartre », un homme, qu’elle a déclaré un jour comme son dieu.

Aux sources d’une vision philosophique inédite de l’Histoire.

L’inertie portée vers un futur, que l’on a invoquée tout au début, explique pourquoi les penseurs de l’histoire ne se contentent plus de poser la question : comment cela s’est produit ? Mais posent aussi la question comme l’avait posée Tocqueville dans son introduction à la Démocratie en Amérique : « Où allons-nous donc ? ». Cette question s’applique totalement à notre sujet. Nous venons d’aborder l’obstacle et la contradiction auxquels est confronté notre égalitarisme féministe, la réalisation paradoxale du modèle masculin dont il est censé s’émanciper. Or l’égalitarisme extrême et abouti, lui, pense que le féminin est le produit de la culture et qu’on ne naît pas femme, mais on le devient ; et que l’homme ne naît pas -non plus- homme, il le devient. Ce qui ouvre la voie vers un autre modèle à réaliser, ni masculin ni féminin selon la « traditionnelle » conception. Pour le réaliser, il faudrait d’abord déconstruire les deux anciennes identités sexuelles pour en proposer une, commune et partagée. Et ceci passe par un certain degré de « masculinisation » de la femme d’un côté et par un certain degré de « féminisation » de l’homme de l’autre. C’est ce qui peut-être compris du développement de la théorie égalitariste de E. Badinter.
Ce qui est paradoxal dans les conséquences de cette vision de l’homme et de la femme, c’est qu’il s’agirait en définitive d’opérer un retour aux origines de l’Homme biblique, primordial. Le progrès selon cette perspective ne serait plus une découverte d’un modèle inédit, mais un retour à un modèle archétypal qui a déjà existé. En effet, asexué, l’Homme Adamique originel, après avoir subit une parthénogenèse ou « colonage primordial différencié », si j’ose m’exprimer ainsi, a donné naissance à la femme. C’est ainsi qu’il devint homme, masculin. Pour retourner à l’Homme archétypal, l’égalitarisme sexuel serait alors, mais cette fois-ci inconsciemment, un processus régressif qui ne voudrait passer que provisoirement par le modèle de l’homme sexué (masculin), dont il faudrait modifier également l’identité, en mettant-en quelque sorte- en relief les
traces féminines originaires qu’il aurait gardées en lui, après la sortie -de sa côte- de la femme, pour retrouver enfin l’Homme parfait, asexué, car à « l’image de Dieu ». En effet, génétiquement, l’homme contient à la fois le masculin et le féminin (avec ses chromosomes sexuels, XY), alors que la femme ne contient que le féminin (avec ses chromosomes sexuels, XX). Aussi, et contrairement à l’ADN nucléaire dont la moitié vient du père et l’autre de la mère, l’ADN mitochondriale est-elle entièrement féminine. Tout ceci qui réconforte la présence du féminin dans le masculin. Passer par l’homme serait alors le passage obligé pour accéder à ce modèle, étrangement divin, originel, biblique, contenant les deux sexes confondus en un seul. Ainsi, nous sortirions de la philosophie et de la théologie linéarité de l’Histoire pour opter pour une fois pour l’« éternel retour du même » de Nietzsche. Nous sommes là en présence d’une fiction, mais fiction d’hier est réalité d’aujourd’hui, et fiction d’aujourd’hui réalité de demain. Tout serait possible.
La philosophie du progrès est ici renversée par une théorie d’un retour qui progresse parallèlement mais négativement. Selon cette vision égalitariste féministe dans sa forme achevée, totalement sécularisée, la sexualité serait totalement découplée de la reproduction. Pour les évolutionnistes en rupture avec toute référence biblique, il s’agirait alors d’une sorte de régression vers des modèles de reproduction, telle qu’elle s’effectue chez les organismes primitifs, par scissiparité et parthénogenèse. Ce qui conduirait en quelque sorte à une défaite et du néodarwinisme, et du néolamarckisme dont l’évolutionnisme reste globalement linéaire et déterministe, au profit de la théorie neutraliste de Motoo Kimura, procédant de hasard sans nécessité, une vision qui nous fait sortir d’un anthropomorphisme souvent porté à un déterminisme, en réhabilitant le hasard et qui ouvre le champ à une possible évolution dans le sens de la régression et du retour.
En guise de conclusion on peut avancer, qu’après avoir subi une première sécularisation en devenant une philosophie linéaire irréversible de l’Histoire -selon cette idéologie égalitariste évolutionniste qui fait son chemin, la théologie judéo-chrétienne pourrait subir une deuxième forme de sécularisation pour devenir une philosophie de l’Histoire réversible et circulaire, de retour, permise par les techno sciences, la génomique, le clonage…
On peut conclure également, et sans témérité, qu’axiologiquement d’aucuns penseraient que la linéarité de l’Histoire nous conduirait au progrès dans le sens positif, alors que d’autres penseraient que le progrès en le domaine resterait linéaire, certes, mais tendrait vers un déclin inéluctable. C’est dans cette ambivalence que le fatalisme du progrès actuellement régnant tiendrait le milieu entre les deux, en l’attente d’une philosophie des limites.

– Stephen Jay Gould, Darwin et les grandes énigmes de la vie, p24.1957. Edition Pygmalion/Gérard Watelet, pour la traduction française (collection point Science)

– Jacques Ruffié, de la biologie à la culture, p.46. Flammarion. 1976

– Comme la démontré K. Lôwith dans le livre histoire et salut, sous titré par les présupposés théologiques de la philosophie de l’histoire. Ce livre constitue en quelque sorte l’application du « théorème de la sécularisation » énoncé par Karl Schmitt.

– Voir l’article de jean Arcady Meyer, Agnés Guillot.

– Robotique évolutionniste. POUR LA SCIENCE n°284 Juin 2001.

– Paul Feyerabend. Contre la méthode. Chapitre 19. 1979, Edition du Seuil, pour la traduction française

– Voir le chapitre -11, les mêmes, nouveaux réplicateurs (in Richard Dawkins. Le gène égoïste) Ils sont l’équivalent des gènes, au niveau de la culture. Les gènes sont transmis biologiquement, les mèmes culturellement. Les deux sont en liens, et il y a possibilité d’action des mèmes sur la modification des gènes.

– Philippe Liotard, Le corps humanimal de mutant asexués,

– p.40, article in Science de l’homme et société, n°73, Décembre 2004 Janvier 2005.

– Mais ou sont passé les genres ? de Nancy Midol in op. cit.

– Friedrich Wilhelm Schelling. Introduction à la philosophie de la mythologie. 1998. Gallimard

– Fabio Lorenzi-Cioldi. Individus dominants et groupes dominés, images masculines et féminines. 1988. Presse universitaire de Grenoble.

– John Rawls. Théorie de la justice. P. 132 -133, Edition Seuil (Collection Point).

– Doreen Kimura, Cerveau d’homme, cerveau de femme ? p.14. 2001. Edition Odile Jacob

– P.Bourdieu. La domination masculine. P.98. 2000. Seuil. Ibid.p 100.

– Sylviane Agacinski. Politique des sexes, précédée de mise au point sur la mixité. P. 116. Seuil. 2001.

– Pierre Bourdieu. Op. cit. p. 123.

– Yves Christen, L’égalité des sexes (L’un n’est pas l’autre), p.123. 1987. Edition du Rocher.

L’égalitarisme féministe et l’évolution. Entre le progrès et le déclin, en l’absence d’une philosophie des limites.

Tareq Oubrou, revue Actualis, Islam et société, n°4- 2005

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