vendredi, décembre 13 2024

La paix, As-Salâm en arabe, est un des noms de Dieu (Cr. 59 : 23). Le mot a la même racine que le mot islâm, nom de la religion musulmane. As-salâm ‘alaykum, « Que la paix soit sur vous » est la salutation des musulmans. « Et Dieu appelle [invite] à la maison de la paix » (Cr. 10 : 25).« Paix ! » est le salut des gens du paradis (Cr. 10 : 10). Il est qualifié de « Demeure de la paix » (dâr as-salâm) (Cr.6 : 127 ; Cr. 10 : 25).

La paix ou l’évitement de la guerre

Le Coran ne cesse de multiplier les appels à l’entente et à la paix : « Ô vous croyants, entrez pleinement [tous] dans la paix. » (Cr. 2 : 208) Et une paix proposée ne se refuse jamais : « Et s’ils [tes ennemis] choisissent la paix, accepte-la ! » (Cr. 8 : 61)En effet, les Arabes préislamiques avaient un tempérament belliciste. Ils aimaient porter le nom de Harbe, qui signifie « guerre ». Le Prophète qui trouvait ce nom répugnant demanda à ceux qui le portaient de le changer en Salâm (Paix) (Abû-Dâwûd). Il fit remarquer que le plus fort n’est pas celui qui vainc son adversaire, mais celui qui maîtrise sa violence (Bukhârî). Il exhorta les musulmans à ne pas souhaiter la confrontation avec l’ennemi (Bukhârî).Entre la guerre et la paix, Mahomet choisit toujours la paix. Parfois au détriment de la fierté des musulmans, comme le traité de paix de Hudaïbiyya avec les polythéistes de La Mecque. Parmi ses clauses contraignantes, Mahomet devait rendre à La Mecque tout musulman mecquois qui avait fui la ville pour le rejoindre à Médine, et qu’il ne devait pas empêcher un musulman médinois de rejoindre les ennemis mecquois (Bukhârî).Ce traité était incompréhensible pour les musulmans et perçu comme une humiliation venue à un moment où pourtant ils remportaient victoire après victoire. La suite de l’histoire a donné raison au Prophète.La guerre, c’est aussi la ruse (Bukhârî). Entendue ici au sens de la diplomatie qui permet de vaincre l’ennemi sans effusion de sang, du moins avec un moindre coût humain. Le Prophète ne fait ici que reprendre un principe de la philosophie chinoise, celle de Sun Tzu, qui disait que ne pas livrer bataille et se contenter d’immobiliser l’armée de l’ennemi est encore mieux que de remporter cent victoires.

Guerre imposée, guerre autorisée

La paix ne veut pas dire soumission. Parfois, la brutalité des hommes n’a pas de limite. La guerre devient alors inévitable : « L’autorisation est donnée [de se défendre] à ceux qui sont attaqués parce qu’ils ont subi une injustice. » (Cr. 22 : 39). « Pourquoi ne combattez-vous pas des gens qui ont trahi leur engagement, qui ont tout fait pour chasser le messager [de La Mecque] et qui vous ont attaqué les premiers ? » (Cr. 9 : 13)Cependant, la riposte ne doit jamais dépasser le degré de l’agression : « Et si vous sévissez, alors faites-le [uniquement] de manière juste, équivalente au tort que vous avez subi. » (Cr. 2 : 194) Le savant marocain Alâl al-Fâsî traduisit au mieux l’éthique musulmane en la matière lorsqu’il souligne que la paix figure parmi les finalités (maqâsid) de l’islam et que la guerre n’est autorisée qu’en cas d’extrême nécessité, exactement comme il est autorisé au musulman de manger la viande d’une charogne s’il craint de mourir de faim, juste la quantité qui le maintien en survie.

La paix et le pardon

La paix, c’est aussi savoir pardonner : « Le reproche est fait à ceux qui sont injustes envers les hommes et qui, sans raison, se montrent violents sur terre. Quant à celui qui patiente et qui pardonne, il fait montre d’une grande résolution morale. » (Cr. 42 : 42-43)La paix exige parfois d’oublier, de vaincre sa rage, sa haine et sa vengeance. C’est ce que Mahomet a fait quand il est entré triomphant dans sa ville natale, La Mecque, qui pourtant l’avait chassé, tué ses compagnons et des membres de sa famille.Il dit à ses ennemis vaincus : « Partez, vous êtes libres [pardonnés] », et il refusa même de reprendre sa maison qu’ils lui avaient spoliée (Bukhârî).

Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p198 à 200

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