jeudi, mars 28 2024

Pour qualifier l’âme ou l’esprit, le Coran emploie deux vocables : nafs et rûh. On traduira rûh par esprit et nafs par âme. La différence entre les deux n’est pas toujours très nette. On peut dire que l’esprit renvoie à la dimension immaculée de l’âme, nafs, avant qu’elle n’épouse le corps. C’est par l’esprit que la personne pense, et accomplit des actes volontaires. Il est particulièrement en lien avec le cerveau. L’âme (nafs) est à l’interface du corps et de l’esprit, lieu des passions et des désirs. Par commodité de langage, l’âme prendra souvent le sens de l’esprit. Cependant, tous deux ont la même origine étymologique : le souffle, vu leur nature légère, immatérielle et imperceptible. C’est l’âme qui fait d’un individu une « personne ». Souvent le mot nafs est utilisé dans le Coran pour désigner l’être : corps et esprit. L’esprit désigne également l’Être de Dieu : « Tu sais ce qu’il y a dans mon esprit, mais moi je ne sais pas ce qu’il y a dans Ton Esprit, Toi qui connais tous les invisibles », dit Jésus s’adressant à Dieu (Cr. 5 : 116). Dès leur « création », les âmes reconnaissent l’unicité de Dieu. Le Coran parle d’un pacte (mîthâq) scellé entre elles et Dieu (Cr. 7 : 172).

Les trois étapes de l’âme

D’origine céleste, l’âme est transportée par un ange, puis déposée dans le corps humain vers la fin du quatrième mois de la conception. Elle s’intègre et se confond avec lui. Ainsi, au fur et à mesure, elle va subir les changements biologiques du corps et les influences de l’environnement social, etc. Elle perd ainsi sa virginité spirituelle, sa pureté originelle. Pour la retrouver, l’âme devra passer par trois étapes : de l’âme vicieuse – ou plutôt viciée, impure – (Cr. 12 : 53) à l’âme scrupuleuse (Cr. 75 : 2), pour enfin atteindre l’âme sereine, satisfaite et bénie par   Dieu (Cr. 89 : 27). Ce cheminement se fait grâce à un combat moral et spirituel qualifié de « djihad majeur ». L’âme n’est ni masculine ni féminine. Elle est le siège des émotions, de la sensibilité, de l’intelligence, de la conscience, de la raison, de la volonté, etc.

L’âme et la mort

Pendant le sommeil, l’âme quitte momentanément le corps (Cr. 39 : 42). On parle d’une petite mort ou mort réversible. À l’agonie, l’âme quitte le corps et la personne meurt. Une fois le corps décomposé, elle reste dans un grand sommeil en attendant le jour de la Résurrection où les âmes réintégreront une deuxième fois les corps (Cr. 81 : 7) pour le Jugement dernier. « À Dieu nous appartenons et à lui nous retournons », disent les musulmans quand ils apprennent la mort de quelqu’un. Subtile, l’âme pénètre tous les éléments du corps et agit sur lui, notamment sur ses actes volontaires. Quand le cerveau est atteint, elle ne peut plus agir entièrement sur la pensée et sur les actes volontaires. L’encéphalogramme plat indique que l’âme a quitté le corps. En outre, l’existence d’une âme végétative commune avec les animaux n’est pas exclue.

Les animaux ont-ils une âme ?

De multiples passages du Coran et des paroles du Prophète indiquent que des animaux, comme les bêtes terrestres, les oiseaux et autres, ont une âme sensible. Leur âme n’est pas que végétative comme celle des plantes. Le mystère de l’âme reste entier, même le Prophète n’en connaît pas le secret (Cr. 17 : 85). Elle est le prolongement du monde céleste et imperceptible (ghaïbe). Une « matière » non localisée et intemporelle, à la fois dans le corps et en dehors de lui. Elle permet ainsi aux   hommes de vivre certaines expériences mystiques dans l’éveil comme dans le sommeil et de ressentir des choses parfois inexplicables par la simple raison rationnelle. Elle est surtout pour les croyants le lieu de la foi et de ses mystères.   

Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p12 à 14

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