Comment une religion en arrive- t-elle à donner l’impression d’être intolérante alors que son nom, « islam », contient la même racine que salâm, « paix », et que l’on trouve dans la lettre de ses textes l’éloge de la diversité ainsi que des passages lumineux sur l’ouverture sur l’autre ? C’est pour surmonter la contradiction entre la détention de la vérité coranique et la non- imposition de la foi musulmane qu’une règle fut établie comme un dogme, selon laquelle l’infidèle n’aurait qu’une alternative : se convertir librement ou entrer dans le régime de la dhimma– une tolérance conditionnée par une soumission. L’origine de cette posture se trouve dans une disposition juridique médiévale née de la logique impériale qui accompagne une civilisation en expansion. Un seul verset abroge à lui seul tous les passages qui appellent à l’arrêt des hostilités avec les non- musulmans du moment coranique (plus de cent versets). C’est le fameux verset de l’épée, un « verset fantôme » qui se trouve dans le chapitre , mais que l’on n’arrive pas à identifier avec exactitude.
Nous allons tenter de mettre un peu d’ordre dans toute cette confusion en évoquant quatre types de diversité présents dans le Coran, avant de développer le thème qui nous importe ici : la tolérance religieuse. Le but est de renouer avec le sens originel de ce principe théologico- éthique de tolérance, fondamentalement coranique, au- delà des enjeux historiques et géopolitiques qui l’ont altéré.
Ce que vous ne savez pas sur l’islam – Tareq Oubrou – Edition Fayard 2016 – P47-67