Comme la Bible, le Coran parle de l’épreuve du sacrifice. Le récit est laconique et moins angoissant (Cr. 37 : 100-107). Le Coran ne nomme pas l’enfant qui va être sacrifié. Isaac ou Ismaël ? Peu importe. Le Coran ne parle que d’un songe qui troubla Abraham. N’étant pas sûr de sa signification ni de sa provenance, il consulta son fils qui lui dit avec perplexité et prudence : « Fais ce qu’on te demande de faire, tu me trouveras au nombre des patients si Dieu le veut ». Il n’y évoque pas le nom de Dieu ni ne conjugue le verbe au passé, comme si la volonté de Dieu se manifestera véritablement dans le futur. Ensemble ils décident malgré tout de passer à l’acte en faisant confiance en Dieu. Lequel allait-il confirmer ou infirmer le songe ? « Et quand ils se furent soumis et qu’il l’eut jeté sur le front – pour le sacrifier », dit le Coran. C’est alors que Dieu intervient et arrête le geste d’Abraham. Le fils et le père avaient raison de douter, ce n’était pas la volonté de Dieu. Le Coran ne dit pas « qu’ils se furent soumis à Dieu ». Ils ne se sont soumis qu’à leur propre décision, puisque Dieu n’a rien demandé. En effet, Dieu fait remarquer à Abraham qu’il a cru en son propre songe et que c’était une grande épreuve (Cr. 37 : 105-106). Mais une épreuve à laquelle lui-même avait contribué. En effet, si le songe avait été un commandement de Dieu, il ne l’aurait pas empêché ; et si le songe était vrai et prémonitoire, il se serait réalisé. Il ne pouvait provenir de Dieu, car dans les Écritures, notamment dans le Coran, Dieu ne permet pas de prendre des âmes innocentes (Cr. 6 : 151 ; Cr. 17 : 33). Au contraire, il ordonne la justice et la bienfaisance, notamment à l’égard des proches (Cr. 16 : 90).
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p7 à 8