Son nom en arabe ‘Îsa est cité 25 fois dans le Coran. Il est reconnu comme étant le Messie (al-maçîh) annoncé dans l’Ancien Testament et attendu par les enfants d’Israël. Jésus est évoqué neuf fois en tant que tel dans le Coran, et appelé systématiquement « Jésus fils de Marie ».
Jésus, Verbe et Esprit de Dieu
« Le cas de Jésus est comme celui d’Adam que Dieu créa de la terre, auquel il dit “sois !” Et il est – advient », dit le Coran. (Cr.3 : 59). Cela signifie qu’il est créé par un verbe : « Sois » (kun). C’est dans ce sens qu’il faudrait entendre Jésus Verbe de Dieu (kalimatullah) (Cr. 3 : 45). Jésus est le Verbe qui s’est fait chair, par création et non par engendrement. Il n’est pas Dieu, mais il fut créé par le Verbe de Dieu.
La relation Dieu, Saint-Esprit et Jésus
« Dis : Il est Dieu, Unique. Dieu l’Impénétrable. Il n’a pas engendré, il n’est pas engendré, nul ne lui est égal. » Voilà la réponse laconique du Coran à la Trinité et à l’Incarnation chrétienne. Elle est ici résumée dans le chapitre 112, intitulé « La Pureté ». Plus loin, le Coran explique que le Saint-Esprit – Gabriel – déposa l’âme de Jésus dans les entrailles de Marie (Cr. 19- 17-19), révéla l’Évangile – Verbe de Dieu – à Jésus et le soutint tout au long de son apostolat (Cr. 5 : 110). Jésus est à la fois messager de Dieu (rasûlullah) et l’Esprit ou Souffle de Dieu (rûhullah). Le Coran rapporte que Jésus lui-même refuse d’être pris pour fils de Dieu et revendique qu’il n’est qu’un prophète, serviteur de Dieu en appelant ses disciples à n’adorer que Dieu (Cr. 19 : 30-36). Le fils de Dieu que l’islam refuse est celui qui désigne une descendance physique de Dieu. Sinon, ce terme existe déjà dans l’Ancien Testament au sens figuré : « Ainsi parle l’Éternel : Israël est mon fils, mon premier-né » (Ex. 4, 23). À ce titre Jésus n’est pas une exception, puisqu’il fait partie de ce peuple et donc fils de Dieu comme les autres, et non un fils engendré. « Fils de Dieu » pourrait alors être admis s’il désigne la noblesse et la grandeur d’âme aux yeux de Dieu. Jésus à ce titre est le mieux placé. Quant au célibat de Jésus, il n’est pas confirmé par les textes de l’islam, contrairement à celui de Jean-Baptiste dont le célibat fait l’objet d’éloges dans le Coran (Cr. 4 : 39).
Jésus et les miracles
Sa propre naissance est elle-même un miracle, puisqu’il parle dans son berceau (Cr. 3 : 46). Ce miracle n’existe pas dans les Évangiles canoniques. Pour les autres miracles, il reprend ceux de l’Évangile où Jésus ressuscite les morts, guérit les lépreux, l’aveugle-né, etc. (Cr. 3 : 49).
Les apôtres de Jésus
Ce sont les disciples les plus proches de lui et ses messagers (hawariyyune), cités cinq fois dans le Coran. Ils sont des saints inspirés de Dieu (Cr. 5 : 111), mais ils ne sont pas des prophètes de Dieu. Ils ne sont pas infaillibles, ils peuvent commettre des erreurs. C’est pourquoi ce qu’ils rapportent sur l’apparition de Jésus n’est pas retenu par le Coran, qui ne reconnaît que les paroles du Jésus avant sa disparition.
La mort de Jésus
Jésus devait effectuer la prière et l’aumône lors de son vivant (Cr. 19 : 31). Ce qui veut dire qu’il n’est plus vivant puisqu’on ne le voit pas prier ni distribuer des aumônes. Son âme a été prise par Dieu (Cr. 3 : 55). Selon le Coran, Jésus est mort mais pas crucifié. Les disciples n’y ont pas assisté et les femmes qui ont vu la scène l’ont vu de loin. Quant aux hommes qui ont rapporté l’événement, le Coran affirme qu’ils furent victimes de confusion (Cr. 4 : 157). Il ne confirme pas non plus sa résurrection.
Le retour du Messie
Certains hadiths du Prophète annoncent le retour du Messie avant la fin des temps pour combattre l’antéchrist (al-maçîh ad-dajâl). Certains grands savants modernes du siècle dernier (Mohammed Abdou, Rachid Ridâ, Mustapfa Al-Marâghî, Mohammed Abu-Zuhra, etc) les trouvent problématiques et doutent de leur authenticité car ils contredisent l’esprit du Coran, d’autres hadiths du Prophète, sans parler de la clôture de la prophétie par Mahomet (Cr. 33 : 40).
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p162 à 164