jeudi, novembre 21 2024
Deux raisons justifient mon plaidoyer pour une acculturation de l’islam de France.
La première est que cette notion tire sa légitimité du Coran lui-même, parole transcendante venant d’un dieu, exprimée en langue humaine arabe, donc première acculturation. Nous connaissons également le Coran mecquois et le Coran médinois, deux catégories liées à deux géographies et deux contextes religieux : c’est la deuxième acculturation. La troisième se manifeste dans la traduction des principes universels coraniques éthiques de justice, de dignité, en lois et règles coraniques contextuelles imprégnées par les codes culturels des Arabes païens.
La seconde raison tient à notre réalité actuelle, caractérisée par l’incertitude et la démesure et donc fort fragile. La situation peut évoluer vers le meilleur, espérons-le, mais aussi basculer vers le pire. Par conséquent, au lieu d’une théologie de la dormance, j’appelle les musulmans à une théologie du réveil permettant de faire face à un monde qui se radicalise, même dans le champ écologique, supposé pourtant pacifiqu[2].
Les historiens le savent bien, dès qu’il y a rupture ou crise économique le spectre de la guerre civile menace de sévir. Or celle-ci prend souvent la couleur de guerres de religion. Par conséquent, notre théologie doit rester vigilante par crainte du pire.
Le développement anarchique de l’islam pourrait être source d’une telle violence, violence qui ne pourrait être évitée que si chacun assume sa part de responsabilité, et ce, sans procrastination. Le théologien que je suis propose ce concept théologico-éthique de « discrétion » comme solution. Parce qu’il est conforme à l’islam auquel je crois et parce qu’il préserve la démocratie, fragilisée, aujourd’hui plus que jamais, par des minorités extrémistes partout très agissantes.
Le combat que je mène à travers mes actions, ma démarche comme ce livre, est un combat d’idées religieuses pour un changement urgent des perceptions. Car c’est à ce niveau que naissent les conflits. Or, je crois profondément possible de soigner les aberrations attribuées à la religion par la religion elle même. Parce qu’elle peut délivrer le remède efficace contre un mal provoqué par ses propres adeptes.
1. Qui crée la proximité et le lien, et non la distance et la rupture.
2. On parle aujourd’hui de l’écologie profonde, qui peut prendre une forme d’intégrisme écologique capable de sacrifier l’homme pour sauver l’animal.
Appel à la réconciliation : Foi musulmane et valeurs de la République française – Tareq Oubrou – Édition Tribune Libre Plon – p299 à 300
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«SHARIA DE MINORITÉ» : RÉFLEXION POUR UNE INTÉGRATION CANONIQUE DE L’ISLAM EN « TERRE LAÏQUE ».

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