vendredi, novembre 22 2024
Ibtilâ est le mot arabe du Coran pour l’épreuve. Il est entendu au sens d’un devoir ou d’un test. Pour le Coran, la vie humaine n’est pas absurde (Cr. 23 : 115). Elle n’est pas une expiation du péché originel. Quand Dieu a mis en garde Adam contre Satan, il lui en a indiqué la conséquence : l’expulsion du paradis et le devoir de travailler – en arabe (tachqâ) – qui signifie « peiner ». La pénibilité ici n’est ni peine ni malheur, comme est souvent traduit le verset (Cr. 20 : 117). Il était déjà dans le projet de Dieu qu’Adam serait son calife – délégué de Dieu – sur terre (Cr. 2 : 30). Une responsabilité qu’il doit assurer (Cr. 33 : 72) comme épreuve de liberté, c’est-à-dire le risque de mal choisir (erreur) ou de choisir le mal (faute).
« C’est Lui qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver, pour voir celui d’entre vous qui aura les meilleures oeuvres. » (Cr. 67 : 2)
Une patience (as-sabre) récompensée
Comme l’animal, l’homme est soumis à des lois naturelles (Cr. 6 : 38). Il doit les respecter pour assurer sa (sur) vie : nourriture, reproduction, habitat, etc. Pour cela, il doit travailler durement et lutter contre les catastrophes naturelles et les imprévus de la vie. Il doit tout faire pour les éviter ou les transformer à son avantage. Après l’effort, le musulman s’en remet à Dieu en cherchant refuge dans la prière et la patience (Cr. 2 : 45 et 153). La patience est l’une des pratiques religieuses les plus importantes. L’éprouvé est invité à dire : « Nous appartenons à Dieu et c’est à lui que nous retournerons. » (Cr. 2 : 156) Cela le soulagera. S’il patiente, Dieu lui promet la bénédiction et la miséricorde (Cr. 2 : 157). Aussi, les patients entreront-ils au paradis sans passer par l’épreuve du Jugement dernier (Cr. 39 : 10).
L’épreuve par la loi
Le Coran n’est pas révélé pour rendre l’homme malheureux (Cr. 20 : 2). Au contraire, Dieu cherche à le soulager car il est vulnérable (Cr. 4 : 28). La loi révélée doit être interprétée et pratiquée à l’avantage de l’homme et non à ses dépens. L’effort pour s’y conformer n’est pas vain car Dieu ne demande que justice (‘adl) et bienfaisance (ihsân) (Cr. 16 : 90). Cela en vaut la peine. Le Coran demande à l’homme de vaincre sa cupidité, cela suppose un effort, voire une souffrance morale. Pourtant, il lui faut surmonter cette épreuve (‘aqabat) pour parvenir à partager ses biens avec autrui : les pauvres, les orphelins et les vulnérables (Cr. 90 : 11-18). Cela libère et soulage, comme le fait de pardonner à ceux qui nous ont offensés. Il en est de même pour le jeûne, par exemple qui est une pratique en apparence difficile. Or, Dieu ne cherche pas à éprouver arbitrairement la foi du croyant par cette pratique, le but est de vaincre ses pulsions et de modérer ses passions, sans mortifier le corps, puisqu’il a la permission de ne pas s’y conformer si cela présente une incommodité avérée : « Dieu veut pour vous la commodité et non vous mettre dans la difficulté » (Cr. 2 : 185) explique le Coran. Le musulman doit respecter les lois coraniques tant qu’elles ne lui portent pas préjudice, sinon il utilise les dérogations. Car contraindre n’est pas l’objectif de Dieu (Cr. 2 : 185 ; Cr. 5 : 6 ; Cr. 22 : 78).
 
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p92 à 93
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