jeudi, novembre 21 2024
Dans le vocabulaire du Coran, il existe deux sortes de pardon : al-maghfira et al-‘afwe. Le premier ainsi que ses dérivés reviennent 234 fois dans le Coran ; le deuxième est cité 35 fois. Certains savants considèrent que al-maghfira consiste à pardonner en taisant la faute de celui qui l’a commise. Al-‘afwe est le fait de pardonner la faute d’autrui en l’oubliant et en l’effaçant totalement de sa mémoire.
Le pardon de Dieu
Le Dieu de la Bible est le même que celui du Coran. Il est juste. Il rétribue les hommes en fonction de leur mérite et de leur oeuvre. Mais il est surtout bon et indulgent. Il pardonne toutes les fautes, mais demande en même temps au croyant de les reconnaître et d’accomplir un repentir sincère (tawbat naçûh) (Cr. 66 : 8). Le pardon de Dieu s’exprime de deux manières selon deux attributs et deux noms suprêmes de Dieu. Le premier est Al-Ghafûr, celui qui pardonne en cachant les péchés de ses serviteurs aux yeux des hommes, notamment dans l’au-delà lors du Jugement dernier.
Le deuxième Al-‘Afuwwe, celui qui pardonne tout en effaçant totalement la faute du pécheur du registre où les anges scribes écrivent ses actes. En effet, dans le Coran il est dit que le Jour dernier chacun lira son propre livre (Cr.17 : 14). En revanche, le Coran n’utilise pas le safh pour qualifier le pardon de Dieu. Il est réservé au pardon des hommes les uns envers les autres (Cr. 2 : 109 ; Cr.24 : 22). Car le safh veut dire pardonner sans rancune. Or, Dieu ne souffre d’aucune rancune. Le pardon de Dieu quand il prend le sens de miséricorde devient sans limites : « Dis-leur : “Ô mes serviteurs qui avez commis des excès [péchés] contre vous-mêmes, ne désespérez jamais de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés, c’est lui le Pardonneur et le Très Miséricordieux”. » (Cr. 39 : 53) La Loi de Dieu est davantage celle de la charité que celle de la justice, même si cette dernière est importante.
Le musulman entre la justice et le pardon
Le musulman ne doit pas sortir de ce cadre défini par un verset synthétique où Dieu commande la justice et la bienfaisance, ici entendu au sens de la générosité et du pardon (Cr. 16 : 90). La justice consiste à accomplir son juste devoir et revendiquer son juste droit. Quant à la bienfaisance, c’est accomplir plus que son devoir et revendiquer moins que son droit sinon y renoncer, ce qui inclut le pardon.
La justice relève de la légalité, le pardon de la vertu et de la charité. C’est ce que commande le Coran lorsque l’on subit une injustice. Il demande une réponse proportionnelle, mais pardonner est encore mieux, car cela fait preuve d’une grande force d’âme (Cr. 42 : 39-43). Et celui qui veut que Dieu lui pardonne ses fautes doit apprendre à pardonner aux autres (Cr. 24 : 22).
Le pardon de Mahomet
Ce ne fut pas facile pour le Prophète de gérer les croyants qui n’étaient pas encore totalement sevrés de leur passé païen et idolâtre. À plusieurs reprises, il dut faire face à leur opposition. Dans ces cas, le Coran l’invite à exprimer son autorité avec douceur et générosité : « C’est par miséricorde de Dieu que tu as été si doux envers eux. Alors que si tu étais austère, au coeur dur, ils se seraient détournés de toi. Pardonne-leur donc et implore Dieu qu’Il leur pardonne. Et consulte-les quant aux affaires. Et une fois décidé, alors fais confiance à Dieu… » (Cr. 3 : 159) Le Prophète dut subir 13 ans de persécutions à La Mecque.
Après son exil à Médine, il fut combattu sans pitié par les Mecquois durant dix ans. Lors de ces 23 années, il perdit beaucoup de ses compagnons et de membres de sa famille, y compris sa propre fille tuée par un Mecquois idolâtre alors qu’elle était enceinte. Il retourna à La Mecque triomphant mais sans rancune, en pardonnant inconditionnellement à ses ennemis d’hier y compris celui qui tua sa fille. Il n’exigea pas non plus leur conversion. C’est plus facile de pardonner quand on n’a pas de pouvoir. Mais le vrai pardon est celui qui vient de celui qui a tous les pouvoirs. Et Mahomet a eu tous les pouvoirs. Cela s’appelle la puissance du pardon et le pouvoir de pardonner.
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p204 à 206
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