dimanche, novembre 24 2024
On vit dans un monde noyé dans les troubles , les turbulences et l’incertitude. Le mélange des civilisations et l’imbrication des cultures sont accélérés par les moyens technologiques de communication et de transport. Les crises sont aujourd’hui permanentes, alors qu’auparavant, celles-ci étaient plutôt figées dans le temps. La problématique posée par le recteur de la mosquée de Bordeaux est : Comment le musulman va-t-il gérer et préserver sa foi dans ce monde inédit ?
Le cheminement vers Dieu est un long voyage , et comme dans tout voyage, la préparation des bagages reste une étape importante. Alléger leur poids permettrait de rendre le voyage plus agréable et plus facile . Cette image est reproductible à la foi qui ne doit pas être encombrée , car ça risque de la perturber , au contraire elle doit être simple et allégée. La foi musulmane est basée sur un dogme simple et profond . Cette foi ne doit pas rester émotionnelle, réactionnaire mais elle doit être pensée, sinon celle-ci devient un moyen de perversion.
Le dogme de la foi musulmane est basé essentiellement sur trois éléments : l’unicité de Dieu, la Prophétie de Mohamed et la résurrection. En méditant sur ces dogmes et en les pratiquant intérieurement on transforme le cœur. L’unicité de Dieu renvoie à l’unicité et la singularité de l’être, car Dieu a crée l’homme à son image d’après ce qui à été rapporté par Al Bukhari. Il faut donc que l’homme chemine vers Dieu selon sa singularité, chacun selon son rythme .
La Prophétie de Mohamed ne renvoie pas à l’identification au Prophète , mais il s’agit de se référer à lui à partir de sa propre personnalité et sa réalité.
En croyant à la résurrection , le musulman vît dans la perspective de l’éternité , la mort n’est plus perçue comme une expulsion du monde . Puis arrive la pratique qui n’est pas une condition de validité de la foi mais une condition de son perfectionnement. Les pratiques , doivent être au service de la foi, éclairantes pour le cœur , car il ne s’agit pas d’une épreuve absurde. La plus simple et la plus pertinente des pratiques est celle du perpétuel rappel de Dieu « Dhikr », car le musulman n’a qu’un combat prioritaire, celui qui se situe en sa propre âme. La meilleure « daawa » aujourd’hui c’est d’être à la hauteur de cette foi et de cette pratique. Ainsi , le croyant rayonne la paix et la sérénité et prend de la hauteur par rapport aux troubles de la vie et de la société . Il ne s’agit pas d’une foi agitée et réactionnaire.
La foi se protège , se partage et s’enrichit par l’altérité. L’humanité se ressemble car l’ange quand il dépose le souffle de l’âme, il ne fait aucune différence entre les humains. La foi est inscrite dans le corps, et présente dans tout corps avant même l’arrivée de la religion, et c’est l’influence de l’éducation et de la société qui l’éloignent de Dieu.  En islam, la loi est au service de l’homme et du croyant.« Nous ne t’avons envoyé qu‘en Miséricorde pour les Mondes. »
Les interdictions ne sont que minoritaires. Cette religion doit tendre vers la tradition Abrahamique plutôt que celle de Moïse, car le Prophète Mohamed est venu alléger la loi de Moise .
Pour tout musulman, il existe un projet qui est de tendre vers « Al ihsane »(le perfectionnement) en passant par « el islam »(soumission à Dieu) puis « el imane »(la foi) , cette avancée ne doit pas être perturbée par l’actualité ni par les détails : « le diable est dans les détails ». La surestimation des détails engendre des boulets normatifs qui empêchent le croyant de cheminer vers Dieu sereinement .
Tareq Oubrou le 9 avril 2012
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