Plusieurs chapitres du Coran ont pour titre des noms d’animaux : la vache (2), les bêtes (6), les abeilles (16), les fourmis et la huppe (27), l’araignée (29) et l’éléphant (105).
Les animaux organisés en société comme les hommes
« Nulle bête sur terre, nul oiseau volant de ses propres ailes, qui ne soit une communauté comme vous » : ainsi le Coran élève-t-il le statut des animaux (Cr. 6 : 38). Plusieurs versets et paroles du Prophète leur attribuent un langage. Ainsi David et Salomon qui étaient à la fois prophètes et rois, régnèrent sur les hommes et les animaux, considérés quasiment comme des concitoyens. Ils comprenaient leurs langages comme le souligne l’histoire de Salomon avec la huppe (Cr. 27 : 20-27) et la fourmi (Cr. 27 : 18-19).
Le Prophète de l’islam avait également le pouvoir de comprendre les animaux comme le rapporte son histoire, entre autres, avec un chameau venu se plaindre à lui de son maître qui le maltraitait (Muslim). De même, quand Mahomet a vu deux chèvres se battre, il a fait remarquer à ses compagnons que s’ils ne savaient pas pourquoi elles se battaient, Dieu le savait ; et il tranchera entre elles le jour du Jugement. Ce qui veut dire qu’elles avaient une certaine liberté et donc une conscience. Cependant, ni le Prophète ni les musulmans après lui n’ont dressé de tribunaux pour juger les animaux.
En droit musulman classique (fiqh), les animaux ne sont pas responsables des torts qu’ils pourraient causer aux hommes. Aussi, dès le Moyen Âge, les textes de l’islam ont permis aux musulmans d’avoir une vision avant-gardiste sur les animaux. Par exemple, le théologien et éthologue musulman Al-Jahiz (776-867), auteur d’un ouvrage monumental : L’Animal (al-hayawân), y décrit les différentes espèces et leur comportement en évoquant parfois des similitudes avec l’homme, auquel il réserve un chapitre au même titre que les espèces. Miskawayh (932-1030), dans son ouvrage Al-fawz al-açghar, considérait explicitement que l’espèce humaine venait des primates. Plus tard, Ibn-Khaldûn (1332-1406) reprit cette idée dans ses Prolégomènes. On peut alors estimer que ces auteurs musulmans, entre autres, furent des précurseurs de Darwin.
Des êtres spirituels
Les animaux sont capables de célébrer les louanges de Dieu comme les croyants (Cr. 24 : 41). Le Coran rapporte aussi que c’est un animal – le corbeau – qui est à l’origine du rite funéraire, quand il montra à Caïn comment enterrer son frère Abel (Cr. 5 : 31). Les âmes des animaux morts rejoindront leurs corps au moment de la Résurrection, comme les humains (Cr. 81 : 5 ; Cr. 6 : 38), ce qui veut dire que leur âme comme celle des hommes peuvent exister indépendamment de leur corps.
De la dignité animale ?
Les hommes doivent rendre des comptes à Dieu des injustices commises à l’égard des animaux. On n’a pas le droit de faire souffrir volontairement un animal ou même d’organiser des combats d’animaux pour les offrir en spectacle (Termidhî et Abû-Dâwûd). La corrida ou même la chasse comme sport sans avoir l’intention de consommer le gibier sont des fautes morales qu’aucune tradition ne peut justifier. Une personne peut accéder au salut dans l’au-delà en portant secours à un animal (Bukhârî). De même, un homme met en péril son salut dans l’au-delà s’il commet une injustice envers un animal (Bukhârî).
La sacralité de leur vie
On ne peut prendre la vie d’un animal qu’en cas de légitime défense, pour une raison sanitaire ou pour se nourrir. À l’image des autres animaux omnivores et carnivores, l’homme consomme de la viande. Cependant, il n’a le droit de tuer un animal que pour sa propre survie, sans excès ni gaspillage. L’animal est un être sensible, par conséquent tout doit être fait pour abréger ses souffrances (Muslim). Il est conscient de la mort, c’est pour cette raison que le Prophète a demandé de ne pas montrer à l’animal l’arme ou l’instrument de son exécution afin de ne pas le faire souffrir deux fois (Tabarânî). Certains docteurs de la loi musulmane ont précisé que l’exécution doit se faire loin des regards des autres bêtes pour la même raison.
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p24 à 26