Cette question de compatibilité n’a d’ailleurs même pas à être posée pour la République. Ses lois et ses valeurs s’imposent à tous. Ce fut dans l’histoire le cas du catholicisme qui a dû se plier à la laïcité après bien des résistances, notamment à la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. Aujourd’hui, il y voit rétrospectivement une chance. On aurait pu se contenter de dire que l’islam, comme les autres religions, n’a pas d’autres choix que de respecter les valeurs, les principes et les lois de la République, point final. Et on arrêterait notre ouvrage ici.
Or, la problématique ici va plus loin. Elle interroge plus l’islam que la République. Ce que nous chercherons à explorer, dans cet ouvrage, ce n’est pas seulement la question de la présence de l’islam dans la sécularisation occidentale, notamment dans la laïcité française, mais de la possibilité théologique même pour l’islam de séparer le politique du religieux, et plus généralement le temporel du spirituel.Pour aborder cette question, il faudrait d’emblée passer par la distinction entre « islam » avec « i » minuscule, comme religion proprement dite, et « Islam » avec une majuscule, comme civilisation.
Quelle place pour l’Islam dans la République ? pour les Nuls – ça fait débat – 2021 – Tareq Oubrou – p3