vendredi, avril 26 2024

Pour ces considérations épistémologiques et pour d’autres encore plus théologiques, nous défendons le droit au doute et à l’inachèvement. Nous devons accepter la perplexité, sans laquelle la foi n’a pas raison d’être. Plus qu’une raison et un fondement de la foi, il est question de Salut. Autrement dit, le doute préserve et sauve paradoxalement la foi. Cela est vrai théologiquement, comme nous le verrons, mais aussi par expérience. En effet, certains croyants fanatiquement attachés à des certitudes, ont vu leur foi s’évanouir dès que celles-ci se sont effondrées avec l’érosion du temps.
Le doute dans nos propos n’est autre qu’un « doute méthodologique » intellectuellement ; un « doute d’espérance » spirituellement. Celui-là même instauré par Abraham. Ce dernier, sans remettre en cause sa foi, demanda à Dieu de lui donner des preuves. Et Dieu de lui répondre sans le brimer : « n’as-tu pas cru ?! », auquel Abraham répondit que : « si, mais je veux être rassuré » Coran (2 : 260). Dieu lui montrera alors ses miracles en réponse à sa demande, qu’Il considère, après tout, légitime. Ce qui est intéressant dans ce dialogue, c’est l’attitude du Prophète face à ce dialogue entre Dieu et Abraham : « Nous devons douter encore plus qu’Abraham», a-t-il commenté (Bukhârî). Ce même Abraham, figure tutélaire du monothéisme, est systématiquement présenté dans les discours classiques, à tort, comme l’exemple de l’obéissance inconditionnelle à Dieu (Abraham de l’Ancien Testament). Les contemporains comme les classiques médiévaux, au lieu de lire Abraham de la Genèse à la lumière de celui du Coran, ont fait le contraire. Or la soumission d’Abraham à Dieu était interrogative, conditionnelle, réfléchie, dialogale et dialogique (Abraham du Coran). Il n’adhérait pas à une croyance ni n’entrait dans une pratique avant de comprendre Dieu, ses enseignements et après les avoir légitimement et intelligemment questionnés.

Tareq OUBROU
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