samedi, novembre 23 2024
Le mot « sagesse », hikmat, est cité 20 fois dans le Coran. Il a la même racine que hukm qui veut dire « jugement ».
La sagesse de Dieu
Le « Sage » (Al-Hakîm) est parmi les noms de Dieu. Il est cité 97 fois. La sagesse est le contraire de l’absurdité, du non-sens. Le Coran évoque que puisqu’il provient de Dieu le monde ne peut pas être absurde (‘abath) ni futile (bâtil) (Cr. 3 : 191 ; Cr. 38 : 27). De même, ses commandements et ses lois ne sont pas vains. Tout ce qui vient de lui est marqué par sa sagesse (Cr. 17 : 39). C’est ainsi que le musulman doit entendre ses lois et les appliquer. « La sharia (Loi) est toute sagesse, toute justice, toute miséricorde, toute utilité. Tout ce qui est absurde, injuste, dur et préjudiciable à l’homme ne doit être imputé à la sharia à cause d’une interprétation erronée des textes », souligne le savant Ibn-Qayyem.
La Révélation et la sagesse
La sagesse est un attribut du Coran (Cr. 36 : 2 ; Cr. 3 : 58). La vérité a besoin de la sagesse pour être accessible : « Appelle [les gens] à la voie de ton Seigneur avec sagesse et bonne exhortation, et ne discute avec eux que de la meilleure manière. » (Cr. 16 : 125) Le Coran précise que Jésus a reçu la sagesse en plus de la Torah et l’Évangile (Cr. 3 : 48 ; Cr. 5 : 110). Et Dieu a révélé à Mahomet le Livre accompagné de la sagesse (Cr. 2 : 231 ; Cr. 4 : 113). Son rôle n’était pas uniquement de transmettre le Coran tel quel, il devait l’expliquer, puis l’enseigner et ouvrir les esprits à la sagesse (Cr. 62 : 2).
Le jugement de David et de Salomon
Le jugement (hukm) est toujours associé à la sagesse (hikma). Dieu est Juge (Hakam), Juste (‘Adle) et Sage (Hakîm). Il est le plus sage des juges (Cr. 95 : 8). Parmi les hommes, Salomon et David sont présentés dans les textes comme les plus sages. Prophètes, ils étaient également des rois et des juges. Certains de leurs récits sont repris de la Bible. Par exemple, l’histoire des deux femmes qui se disputèrent la maternité d’un enfant. Pour lever le litige, Salomon demanda une épée pour couper l’enfant en deux et en donner la moitié à chacune, ce afin de les tester. L’une d’elles a immédiatement renoncé à l’enfant. Il lui donna l’enfant, car cela prouvait que c’était sa vraie mère (Rois, 3 : 16-28). Ce même jugement se trouve très résumé dans un hadith (Bukhârî). Le Coran rapporte laconiquement un désaccord entre Salomon et son père David à propos de bétail qui avait abîmé des plantations. Selon un commentaire (Ibn-Abbas), David estima que le bétail devait être donné au propriétaire de la plantation comme prix de réparation. Salomon, quant à lui, proposa que le bétail soit confié et exploité par le fermier le temps nécessaire pour que le berger restaure la ferme dégradée. C’est Salomon qui sut trouver le meilleur jugement. Il était plus sage, sans rien enlever à son père (Cr. 21 : 78-79).
Luqman, le sage
La sagesse est un bien précieux (Cr. 2 : 269). Elle n’est pas le propre des prophètes. Le Coran cite le cas de Luqman, un sage, dont tout un chapitre porte le nom (31). Il n’était pas prophète, mais un simple croyant. Après avoir conseillé son fils sur la foi et le culte qui doit être rendu au seul Dieu Unique, Luqman lui en rappela le fruit moral : « … Ne détourne pas ton visage des hommes – par dédain – et ne marche pas de manière arrogante. Dieu n’aime pas les présomptueux et les pleins de gloriole. » (Cr. 31 : 12-19)
La philosophie ou l’amour de la sagesse
« La sagesse est une chose précieuse que le musulman doit chercher. Il la prend là où il la trouve, car il doit se considérer qu’il en est le plus légitime détenteur », souligne un hadith (Termidhî). Elle n’est donc pas forcément dans sa religion proprement dite. C’est pourquoi les musulmans se sont ouverts dès le début aux sagesses des autres traditions et des autres peuples. En se fondant sur des textes de l’islam comme ce hadith, le philosophe, théologien et juriste musulman Averroès a émis une fatwa qui fait de l’apprentissage de la philosophie une obligation religieuse, dans son célèbre ouvrage Le Discours décisif (fasl al-maqâl).
 
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p246 à 248
Previous

La foi est un acte du cœur

Next

"On ne peut pas se permettre de voir nos concitoyens de confession juive vivre dans la peur"

Check Also