Au lieu du péché originel, l’islam propose l’innocence originelle. L’homme fut conçu perfectible et non infaillible. Repenti, il est parfois glorifié au-delà même de ce qu’il était spirituellement et moralement avant la faute. C’est le cas d’Adam qui fut élu après la faute parce qu’elle fut suivie d’un repentir sincère (Cr. 20 : 121-22). La chute d’Adam et d’Ève n’en était pas vraiment une.
L’immaculée conception universelle
Chaque être humain vient au monde dans un état spirituel et moral immaculé (fitra). Chacun porte son propre fardeau (Cr. 17 : 15). Adam et Ève n’ont pu transmettre leur faute. Ils l’ont regrettée puis furent pardonnés. « Celui qui faute et regrette, c’est comme s’il n’avait pas fauté », rassure le Prophète (Ibn-Majah). « Tout être humain naît innocent », affirme-t-il (Bukhârî). Il n’a donc pas besoin de baptême ni de sacrement pour le réconcilier avec Dieu. L’homme a été créé parfaitement, mais prédisposé à descendre très bas et capable de se relever grâce à la foi et aux bonnes oeuvres (Cr. 95 : 4). Il y a un inachèvement de l’homme par un manque programmé de Dieu et non par impuissance ou ignorance. C’est volontaire. Il permet à l’homme de progresser en permanence. Cette perfection dans la création de l’homme réside dans sa perfectibilité qui suppose l’erreur et la faute.
La permission originelle
Selon le Prophète, Dieu a créé les hommes innocents et croyants purs (hanifs), mais les diables les ont égarés en leur interdisant des choses pourtant permises initialement par Dieu (Muslim). Cela veut dire que l’éloignement de l’innocence originelle a été favorisé par la multiplication des interdits qui en général stimule le désir et la transgression, lesquels engendreraient psychologiquement un excès de culpabilité et donc conduiraient à la désespérance et à l’égarement (Cr. 15 : 56). C’est pourquoi le Coran et le Prophète interdisent aux croyants de demander plus de lois. Car une fois révélées, ils seraient obligés de les respecter, ce qui n’est pas sûr : « Ne posez pas [trop] de questions sur des choses que vous allez regretter une fois révélées… D’autres avant vous les ont demandées ; mais une fois révélées, ils les ont reniées. » (Cr. 5 : 101-102) « Laissez-moi tranquille tant que je ne vous ai rien demandé ! Ce que je vous interdis évitez-le, et ce que je vous demande de faire, accomplissez-en ce que vous pouvez », a dit le Prophète dissuadant ses disciples tout en les rassurant (Bukhârî). Le Coran se contente de rappeler que Dieu demande seulement ce qui est juste (Cr. 7 : 28-29). Il précise que la mission du Prophète est de commander ce qui est sensé (Cr. 7 : 157). Par conséquent, multiplier et détailler les interdits, c’est faire le travail du Satan. C’est pourquoi le Coran s’oppose fermement à tous ceux qui interdisent les choses saines et raisonnables (Cr. 7 : 32). C’est à partir de ces textes, entre autres, que les canonistes et les éthiciens ont établi la règle selon laquelle toutes les choses sont permises sauf exception.
La présomption d’innocence
Les juristes musulmans parlent de « présomption d’innocence » (barâ’atu adhimma). Toute personne est innocente jusqu’à preuve du contraire. Ils se réfèrent aux paroles du Prophète qui fait remarquer que ce n’est pas à l’accusé de prouver son innocence, mais à celui qui l’accuse (Bukhârî). Les juges (qadis) sont appelés à l’acquittement au bénéfice du doute selon une parole attribuée au Prophète et qui explique qu’il vaut mieux commettre une erreur judiciaire et relaxer un présumé criminel que de condamner un possible innocent (Termidhî).
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p138 à 140