Dès le départ, le discours coranique déclare que l’humanité ne sera jamais unie doctrinalement, théologiquement, religieusement, culturellement, éthiquement…, même si la race, la croyance, la morale et la culture primitive de l’humanité originelle étaient les mêmes :
« Les hommes ne formaient qu’une seule communauté, puis ils ont divergé. » L’entropie de l’histoire a divisé et/ou diversifié l’humanité et continue de le faire. La culture est, à cet égard, comme la nature : elle a horreur de l’uniformité. « Parmi Ses signes la création des cieux et de la terre ; la diversité de vos langues et vos couleurs. Il y vraiment en cela des signes pour ceux qui savent » , nous dit le Coran, faisant allusion justement à l’évidence de la diversité génique et cultuelle. La diversité est alors inscrite dans la nature, et doit être respectée. Les croyances n’échappent pas à cette loi – « Et si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. » – faisant allusion à la religion.
C’est une banalité de le dire : jamais l’humanité ne sera une seule communauté, avec des valeurs et des croyances communes. Par conséquent, le consensus n’est pas un objectif pour lequel il faut œuvrer, car il est contre nature, contre le vouloir du Créateur lui-même.
C’est ce que la théologie musulmane souligne presque comme un dogme. Il est établi une fois pour toutes que l’humanité ne sera jamais entièrement croyante ; et si croyance il y a, elle ne sera pas uniforme, suivant les mêmes dogmes ni les mêmes doctrines ; une doctrine d’une même religion elle-même donnera jamais la même interprétation ni la même traduction ou implication éthique, étant donné la diversité des cultures dans lesquelles les doctrines et les dogmes sont reçus et vécus. En revanche, l’humanité peut et doit s’unir. Unir n’est pas uniformiser, au contraire. Cela suppose l’existence de différences.
Coran X, 19.
Coran XXX, 22.
Coran V, 48 ; XVI, 93.
L’Unicité de Dieu. Des Noms et Attributs divins (opuscule 1/10), éditions Bayane, 2006. p30-31