Le mot « coeur » (qalb ou fu’âd) revient 148 fois dans le Coran. Il renvoie au secret de l’homme et à tout ce qui se déroule en son for intérieur. Il se confond parfois avec l’âme ou l’esprit. Si le coeur de la personne est sain, tout chez elle l’est aussi, de même s’il est corrompu, le reste l’est aussi, affirme le Prophète (Bukhârî).
Le coeur, une raison
Le coeur est le lieu de l’intelligence. Il n’est pas uniquement le foyer des émotions et des sentiments. En effet, « coeur » (qalb) en arabe signifie aussi « raison » (‘aql). « Ils ont des coeurs qui ne comprennent pas » (Cr. 7 : 179). « Ne parcourent-ils pas la terre afin d’avoir des coeurs pour raisonner ou des oreilles pour entendre. Certes, ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais les coeurs qui sont des poitrines qui s’aveuglent » (Cr. 22 : 46). Voici les reproches du Coran à ceux qui ne savent pas faire bon usage de leur coeur, de leur raison.
Le coeur, racine du bien et du mal
Le bien, la vertu et les sentiments nobles se rapportent tous au coeur : l’amour, la miséricorde, l’humilité, l’espérance, le repentir, la générosité, etc. Mais c’est aussi dans le coeur où surgit le mal : l’orgueil, la cupidité, la jalousie, etc. Et si des textes condamnent certains comportements, c’est parce qu’ils sont des symptômes d’une mauvaise intention enfouie dans le coeur, sinon ces comportements ne sont pas condamnables en tant que tels. Le Prophète interdit par exemple aux hommes de laisser traîner leurs habits par terre, car c’était un signe d’orgueil chez les Arabes. Aujourd’hui frimer en pantacourt peut relever du même orgueil. Il y avait aussi l’interdiction de l’épilation des sourcils pour les femmes (Bukhârî), un moyen de racolage utilisé par les prostituées à cette époque. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, etc.
Seul Dieu peut sonder et juger les coeurs
« Nul reproche ne vous sera fait quant à vos erreurs involontaires, mais vous seront reprochées les fautes que vos coeurs ont volontairement commises » (Cr. 33 : 5). Dieu ne regarde pas les formes et les apparences des personnes, mais leurs coeurs (Muslim). En effet, « la valeur morale des actes dépend de l’intention », affirme le Prophète (Bukhârî). Et celle-ci se trouve dans le coeur. Cependant, il serait présomptueux de la part du croyant de prétendre avoir une intention totalement sincère avec Dieu et/ou avec les gens. Seul Dieu « connaît le secret et ce qui encore plus caché » (Cr. 20 : 7), car il est des motivations très profondes et tellement cachées qu’il est très difficile pour le commun des mortels d’en prendre conscience. C’est ce que laisse entendre une parole du Prophète qui parle de l’ostentation subreptice et inconsciente (Ahmed). « Il ne m’a pas été permis de scruter les coeurs des gens », a dit le Prophète (Bukhârî). En effet, la règle morale veut que nous nous en tenions aux seules apparences. Dieu reste le seul juge des coeurs.
Dieu accueille les coeurs sains
Le croyant qui veut être bien accueilli par Dieu dans l’audelà doit purifier son coeur et travailler son secret. Car le jour du Jugement est « un jour où ni bien ni descendance ne seront [pour l’homme] d’aucune aide, sauf celui qui vient à Dieu avec un coeur bon » (Cr. 26 : 88-89).
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p36 à 37