mardi, décembre 3 2024

Dans le Coran et la Sunna, tout n’est pas absolu ni universel, ni même « universalisable ». L’enjeu herméneutique commence d’abord par une bonne taxinomie scripturaire. Le Coran n’est pas organisé en thématiques et la Sunna est constituée de fragments de paroles qui appellent à une classification et à une organisation en fonction du thème traité. Les textes ne présentent pas de doctrine, mais une somme d’informations. Ce sont les savants qui, pour trouver un sens et une cohérence à toutes ces informations scripturaires, ont dû forger des doctrines différentes. C’est ainsi que la pensée théologique, éthique ou encore juridique musulmane a toujours fonctionné. Je proposerai ici quelques éléments sommaires d’approche des textes. Il s’agit essentiellement de classification et de séparation des ordres, comme une des clés de lecture. L’une des classifications les plus importantes est celle qui consiste à distinguer les informations fondamentales des secondaires.

Deux typologies se présentent :

– les passages principiels : par exemple les versets et les hadîth qui demandent aux croyants d’honorer leur engagement ; ceux qui exigent le souci de justice et le respect de la dignité humaine ; les passages qui expliquent que la guerre n’est pas un objectif et que la paix doit être recherchée et jamais refusée, etc. ;

– les passages circonstanciels:  qui sont liés à une situation donnée et qui, parfois, ne concernent que la période du moment coranique : dispositions particulières liées au statut du Prophète et de sa famille, appels au combat dans des situations qu’il faudrait comprendre comme une défense et une exception, et non comme la règle… Toute erreur à ce niveau taxinomique pourrait conduire à absolutiser et universaliser ce qui est relatif et particulier, et à relativiser ce qui est absolu et universel.

Le Coran, clés de lecture – p18
Tareq Oubrou
FONDAPOL -2015

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