jeudi, novembre 21 2024

(…)  la sécularisation : un paradigme complexe et dialectique. Il est question d’un rapport  flou[1] entre l’ordre temporel et l’ordre spirituel ; l’humain et le divin ; la Raison et la Révélation ; le sacré et le profane ; le politique et le religieux… Lequel rapport pourrait être parfois celui de la distanciation, de la séparation et de la démarcation jusqu’à l’exclusion ou même la liquidation. Parfois la sécularisation n’est qu’un processus d’inversion, de renversement, de dérivation ou d’une simple transformation ou transfert.

La sécularisation est un phénomène réversible, il suppose une désécularisation. C’est un double mouvement par lequel le profane se sacralise et le sacré se temporalise. Par conséquent  la sécularisation contient une dimension mystique et psychanalytique qui pose la question quand est-ce qu’un croyant est véritablement au Service de son Dieu et quand est-ce qu’il s’en sert ; et à l’échelle d’une nation ou d’une communauté religieuse quand est-ce qu’elle est dans une logique spirituelle et quand est-elle consciemment ou inconsciemment entrain de transformer toute une religion en bouclier de protection ou une arme identitaire offensive. Ce qui serait alors une religiosité par défaut, transformant ainsi Dieu en alibi. Ce qui serait une perversion herméneutique où le Texte deviendrait un prétexte.

En d’autres termes, il est question de la confusion entre les fins et les motivations d’une part et les moyens d’autre part, et subséquemment entre le droit  et la loi, qui permet d’y accéder.

On pourrait également utiliser la sécularisation comme un mode de discernement et de séparations des ordres. C’est généralement dans ce sens que je l’utiliserai. Elle correspondrait alors au terme arabe « al-furûqiyya » que j’ai extrait d’une discipline théologico-canonique classique qui est une méthode de séparation (al-furuq) ou de taxinomie (taqsîm). C’est une approche malheureusement ignorée, qu’il faudrait décongeler en la faisant sortir des ouvrages anciens et la mettre à la coule et au moule de notre monde contemporain.

[1] Le terme flou ici n’est pas péjoratif. Il correspond à un domaine de la connaissance qui permet une épistémologie asymptotique procédant par conjectures.

Tareq Oubrou – 2014

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