vendredi, novembre 22 2024

(…) certains musulmans pensent que l’arabe est la langue de Dieu, puisque le Coran est Sa parole et qu’il est écrit en arabe. L’Arabe étant celui qui parle la langue arabe, alors Dieu, s’il n’est pas arabe, serait au moins arabophone. Selon cette logique, l’arabe ne peut être qu’une langue consacrée. Cette perception repose sur une autre croyance : la langue que Dieu a enseignée à Adam serait l’arabe, matrice de toutes les langues, ce qui voudrait dire qu’Adam était un Arabe. Beaucoup de musulmans croient dur comme fer que l’arabe est aussi la langue du Paradis : ce serait ainsi la langue primordiale et la langue eschatologique. Ces idées reçues se nourrissent de textes apocryphes et ont pris par la suite l’allure d’un dogme légitimant la supériorité des Arabes et de leur langue sur les autres peuples et les autres langues. C’est une vision inconciliable avec la lettre du Coran, qui rappelle que Dieu a communiqué dans différentes langues – « Nous n’avons pas envoyé de messager qui ne parle la langue de son peuple1 » – et que la pluralité des langues et des peuples est le signe même de son unicité – « parmi Ses signes, la création des cieux et de la terre et la diversité de vos couleurs et de vos langues2 ». Et que dire du serment d’adieu où le Prophète déclare, de manière on ne peut plus claire : « vous avez tous le même Dieu et les mêmes ancêtres ; l’Arabe n’a pas de supériorité sur un non- Arabe, ni une personne de couleur rouge sur une personne de couleur noire, si ce n’est la vertu3 » ? (…)

1. Coran (14:4).
2. Coran (30:22).
3. Ahmad ibn Hanbal, Al-Musnad, édité par Shu‘ayb al- Arna’ût, Mu’assasat ar- risâla, 1999, t. 38, p. 474, n° 23490.

Ce que vous ne savez pas sur l’islam – Edition Fayard – Tareq Oubrou – p25-26

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