Comme Texte (le Coran), tout en s’intégrant dans l’histoire des hommes , dans l’espace et l’écoulement du temps (vingt trois années, fragment par fragment : 13 ans à la Mecque puis 10 ans à Médine), le Coran refuse de se plier à la logique chronologique, comme celle de la Bible. Les sourates (chapitre) et les versets, ne sont pas ordonnés dans le corpus (al-muçhaf) selon l’ordre temporel de la Révélation qui accompagna le Prophète le long de son histoire apostolique. L’autre fait marquant, celui de la conjugaison des verbes qui indique un rapport réfractaire au « temps classique » des récits. Les verbes d’évènements passés sont conjugués au présent ; ceux des évènements futurs sont conjugués tantôt au présent tantôt au passé. Par ce fait stylistique le Texte coranique, en échappant à la logique d’une temps fléché, informe surtout sur son Auteur qui voit le déroulement des événements à partir d’un autre « temps » et en dehors de l’emprise du temps physique et anthropologique. Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, laisse entendre la lettre du Coran [1] . Quand il rapporte des récits bibliques, la vie des Prophètes, notamment de Jésus, ce n’est pas selon un exposé historique classique. C’est entre autres pour soutenir le Prophète dans sa mission. Leur récit vient alors correspondre à des situations similaires que vivent ponctuellement les musulmans du « moment coranique ». Ils informent ainsi sur la nature des hommes qui reste la même et qui explique la récurrence de ces histoires bibliques dans le Coran. Ces récits restent à ce titre des enseignements à méditer, mais en aucun cas n’ont constitué pour les musulmans un code, encore moins un dogme. Ces récits n’ont pas donné matière à une histoire Sainte.
[1] Coran (22, 47) ; (32, 5) ; (70, 4)
Tareq Oubrou – Vision musulmane eschatologique.