Un autre hadith va jusqu’à affirmer que Dieu dit : « Je suis à l’image de ce que mon serviteur croit de Moi, libre à lui de croire en Moi ce qu’il veut[1]. » Cette parole démocratise, relativise et rend individuellement intime l’imagination de Dieu, comme si chaque personne pouvait avoir Dieu à sa mesure. C’est ce qui explique, entre autres, que l’islam en ce domaine reste de tradition aniconique : toute image de Dieu limiterait le champ de sa représentation dans l’esprit du croyant. Cette parole met implicitement et subtilement le croyant devant ses responsabilités pour cesser d’attribuer tout ce qu’il croit à Dieu en tant que vérité absolue. Une chose, toutefois, reste unanimement établie, c’est qu’il s’agit d’un Dieu des mondes (rabb al-’âlamîne)[2], de tout le monde (allâhi an-nâss)8. Par conséquent, les musulmans n’en ont pas le monopole, encore moins les Arabes.
[1] Ahmad ibn Hanbal via Wâthila ibn al- Asqa‘, Al-Musnad, édité par Shu‘ayb al- Arna’ût, Mu’assasat ar- risâla, 1998, t. 25, p. 398, n° 16016. On appelle « hadith saint » ce type de hadith. Ce sont des paroles du Prophète qui ne sont pas Coran, mais c’est Dieu lui- même qui s’exprime à la première personne du singulier et qui parle généralement de sujets mystiques, éthiques et spirituels.
[2] Cet attribut revient 42 fois dans le Coran. 8. Coran (114:1).
Ce que vous ne savez pas sur l’islam – Edition Fayard – Tareq Oubrou – p14-15