jeudi, novembre 21 2024
Le destin est un des six piliers du credo de la foi musulmane. Qadar est son nom arabe dans les textes. Il signifie aussi décret ou ordre de Dieu.
La prescience divine
Rien n’échappe au savoir de Dieu (Cr. 65 : 12). Ce qui s’est passé, ce qui se passe et qui se passera, tout cela constitue pour Lui une seule et même réalité. En dehors du monde, les choses existent déjà pour Dieu et ce depuis qu’Il est. Elles se révèlent à nous dans notre condition spatio-temporelle. Rien ne peut se passer contrairement à ce que Dieu sait déjà. C’est ce que l’on entend aussi par destin.
Destin n’est pas déterminisme
Il ne faut pas confondre le dogme du destin (al-qadar) comme un ordre absolu et suprême de Dieu avec un déterminisme (jabre) qui ne laisserait aucune marge de liberté à l’homme. Omar alors calife refusa de se rendre dans une région où sévissait la peste. Des musulmans lui dirent : « Alors Omar, voudrais-tu éviter le destin de Dieu ? » Et lui de leur répondre : « Oui, je fuis le destin de Dieu pour aller à un autre destin de Dieu, exactement comme fait un chameau qui quitte une terre stérile pour aller paître dans une autre plus fertile ! » Omar résume ainsi et tout simplement la question du destin. C’est une providence de Dieu au sens d’une création de lui, mais sans fatalité pour l’homme.
Ce qui est écrit peut changer
Une partie seulement de l’omniscience de Dieu est transcrite dans la « Matrice du Livre » ou l’« Écriture primordiale » (um al-kitâb). Et ce qui écrit peut être changé par annulation ou confirmation de la part de Dieu (Cr. 13 : 39). L’action humaine peut aussi contribuer à transformer ce destin écrit. Le Prophète affirme qu’il y a un impact des actions (Bukhârî et Muslim) dont certaines, notamment la prière (Termidhî), peuvent changer le cours d’une vie. L’ignorance n’est pas un destin inflexible, il peut être changé par le savoir, la maladie par le soin, etc. Même le péché, comme faiblesse morale, peut être changé par le repentir, la réparation par des bonnes oeuvres accessibles. Un saint de l’islam, Abdelkader Al Jilânî (1078-1166), disait : « J’ai affronté le destin de Dieu par Dieu et pour Dieu. Et le musulman est celui qui affronte le destin et non celui qui s’y soumet. »
Libre arbitre signifie responsabilité
L’homme est programmé par Dieu pour être libre et responsable. Il a une volonté (machî’at) et une capacité d’action, mais elles restent relatives et subordonnées à la volonté et à la puissance absolues de Dieu : « Vous n’avez de volonté que par celle de Dieu qui est omniscient et sage », affirme le Coran (Cr. 76 : 30). L’homme n’est pas comme l’animal, soumis à la loi de la nature. Selon son degré de liberté, la personne est responsable de ses actes. Et si l’on concède que l’homme est prédestiné, c’est justement pour qu’il soit libre et doté d’un savoir et d’une volonté, à l’image de Dieu, mais relatifs. Priver l’homme de toute liberté réduirait à néant sa responsabilité et condamnerait à l’insignifiance le Jugement dernier.
Une sérénité
En effet, il y a des situations devant lesquelles l’homme ne peut rien, comme les catastrophes naturelles, les accidents de la vie et tous les événements sur lesquels il n’a aucune prise. C’est là que le musulman s’en remet à Dieu, mais seulement a posteriori. Car le musulman doit oser l’action sans craindre l’échec avec la conscience toutefois qu’il y a toujours une incertitude, mais comblée par l’action de Dieu qui, par sa grâce et son savoir, permet ou pas les choses (Cr. 18 : 23-24). C’est ainsi que le musulman aborde la vie avec ses risques, mais avec une certaine sérénité et sans trop de remords. « Il se peut que vous détestiez une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Dieu qui sait alors que vous ne savez pas » (Cr. 2 : 216). Cette vision positive et optimiste fait que le destin est un dogme qui procure la sérénité au croyant.
Le coran pour les nuls en 50 notions clés – collection pour les nuls culture générale – Nov 2019 – Tareq Oubrou – p58 à 60
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