samedi, novembre 23 2024
Non seulement certains enseignements du Coran ne sont réservés qu’au Prophète et à sa famille, mais d’autres ne sont applicables qu’à l’époque du Prophète et dans son contexte. En aucun cas, ceux-ci ne sont universalisables dans l’absolu. Suivant l’exemple du Prophète, les savants ont estimé que certains préceptes du Coran étaient devenus caducs à leur époque. L’exemple que nous citerons ici concerne la zakat[1], l’un des cinq piliers de l’islam. Parmi les huit destinataires nommés par le Coran figurent des personnes susceptibles de se convertir ou bien fraîchement converties à l’islam.
Le deuxième calife, Omar, a décidé de l’annuler, purement et simplement. Il a jugé que cette disposition financière d’encouragement à l’islam était théologiquement liée au statut missionnaire et apostolique du Prophète, à une époque où l’islam était menacé et avait besoin d’acheter la paix en encourageant les conversions.
Le même calife Omar, pourtant tout à fait orthodoxe, constatant les ravages de la famine, avait dû suspendre un moment la pratique de la zakat, afin de relancer l’économie. Il faut rappeler que la zakat est quand même le troisième des cinq piliers de l’islam. Il vient après l’attestation de la foi et les cinq prières canoniques ; et avant le jeûne du mois de ramadan et le pèlerinage.
Aussi, l’argent de la zakat utilisé pour affranchir les esclaves, pratique tombée en désuétude puisqu’il n’y a plus d’esclave. Sauf si l’on considère qu’il faudrait rétablir l’esclavagisme pour pouvoir appliquer cette disposition coranique à la lettre, ce qui serait une absurdité ! Daech l’a tenté.
Ce genre d’aberration est courant dans les milieux littéralistes. Au lieu de retenir l’esprit du message, ils veulent transmettre son enveloppe culturelle en ressuscitant des pratiques disparues. Cette logique consiste à reproduire à l’identique le contexte de la révélation coranique au lieu de l’esprit de son message comme si l’Histoire, y compris celle du « moment coranique », était un code[2]. Le ridicule n’a pas de limite !
1. Un impôt canonique annuel, obligatoire à partir d’un certain seuil de richesse.
2. « On s’appuie sur l’histoire, mais l’histoire n’est pas notre code », disait à juste titre le protestant et politique français Rabaut Saint-Étienne. Nous reprenons à notre compte cette assertion.
Appel à la réconciliation : Foi musulmane et valeurs de la République française – Tareq Oubrou – Édition Tribune Libre Plon – p35 à 37
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