jeudi, novembre 21 2024

 Nous avons vu que Dieu ne se révèle pas par le biais d’un dévoilement total ou d’une incarnation, mais à travers des signes. Les paroles du Coran sont aussi source d’inspiration : elles révèlent en nous les mystères de Dieu une fois le cœur disponible à les accueillir. Certains soufis (mystiques) parlent de dévoilement (kashf) ; d’autres appellent cela une science divine immédiate (‘ilm ladunnî)[1]. Le soufisme est un mode de connaissance de Dieu ; il procède de toute une démarche initiatique qui mène à une expérience et à un état intérieurs permettant la rencontre et la (re)découverte de Dieu. En effet, selon les textes scripturaires, le nom de Dieu est gravé dans le cœur de chaque être humain dès l’origine. Mais l’éducation, la société, l’histoire et d’autres facteurs peuvent cacher ce nom dans notre conscience profonde. Toute la démarche mystique consiste à « dépoussiérer » le cœur pour retrouver cette fitra, cette croyance primordiale en Dieu l’Unique. Ce processus est si exigeant que peu de musulmans décident de s’y engager, et ils sont encore moins nombreux à parvenir à le mener à bien. C’est ce que les mystiques appellent le djihad majeur (aljihâd al- akbar), que nous avons déjà évoqué.

[1]. La notion de science divine, donnée à une personne qui n’est pas forcément prophète, est évoquée dans le Coran (18:65). Il y est question d’un individu appelé Khidr (Bukhârî, n° 3400-3402) à qui Dieu enseigna directement, sans l’intermédiaire d’une révélation prophétique : « Nous lui [Khidr] avons donné un savoir par inspiration [ladunnâ]. »

EXTRAIT DU LIVRE CE QUE VOUS NE SAVEZ PAS SUR L’ISLAM – Edition Fayard 2016 – p213 à 226 – Tareq Oubrou

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