jeudi, novembre 21 2024

On a souvent entendu dire que «L’islam est un tout, c’est à prendre ou à laisser !». Comme s’il s’agit d’une parole révélée. Ce dogme de globalité et cette loi du tout ou rien conduit à deux aberrations diamétralement opposées : le totalitarisme ou la sortie totale de la religion. Or comme le fait remarquer l’Imam Chawkâni : «Personne ne pourrait prétendre connaître la totalité des enseignements de l’islam, encore moins être capable de les pratiquer tous ?!».

Le Coran lui-même souligne que Dieu ne demande à une personne que ce qui relève de son possible (2 : 286) et (65 :7), et ce tant au niveau intellectuel qu’au niveau pratique et éthique. Aussi tous les enseignements des Textes n’ont-ils pas le même statut dogmatique (‘aqîda) et normatif (charî‘a). Et même ceux qui sont importants, n’ont pas la même importance. Cela veut dire qu’il est nécessaire d’avoir un algorithme de hiérarchisation pour une éducation qui commence d’abord par l’essentiel. C’est le seul moyen d’assurer une éducation qui n’encombre pas religieusement le musulman et dont le contexte contemporain est de plus en plus complexe, imprévisible, contraignant..

Cette pédagogie de l’essentiel passe en premier lieu par un discernement éclairé sur ce qui est circonstanciel et ce qui est permanent dans les sources scripturaires. Car l’erreur à ce niveau d’enseignement et d’éducation conduirait à transmettre les excipients culturels du moment coranique et d’en oublier le principe actif coranique universel, comme un facteur qui apporterait une enveloppe sans message. Une éducation qui insisterait sur les formes et les apparences au détriment de l’esprit.

Tareq Oubrou, Grand Imam de Bordeaux.

Quelle éducation musulmane au XXIe siècle ? Enjeux et préconisations Septembre 26, 2015 Zaman France.

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