Une chose reste certaine, c’est que l’islam, comme ses deux autres ainés, le judaïsme et le christianisme, attribue à Dieu en dernier lieu le mystère de la Création et le Destin des hommes. Depuis les origines jusqu’à la fin des Temps, avec un retour ultime à Lui, le Jour du Jugement Dernier, l’existence des hommes appartient à une boucle existentielle résumée dans une formule prononcée par le musulman dès qu’il apprend la mort d’une personne : « C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui notre retour ». En effet « Celui qui meurt, sa fin dernière est accomplie. » dit une parole du Prophète. L’expérience eschatologique est vécue au quotidien par chaque personne depuis sa propre naissance jusqu’à sa propre mort. Autrement, l’Histoire de toute l’humanité est résumée dans celle de l’individu[1]. L’origine de la vie est un commencement à moitié métaphyique pour chaque personne qui naît à partir du moment de l’incarnation de l’âme atemporelle et intemporelle dans un corps temporel. Elle continue jusqu’à sa mort et au-delà, après Résurrection des corps pour répouser leurs âmes. Le temps de l’âme n’est donc pas celui du corps. La vie après la mort, comme dogme, donne une matière à ce titre à une certaine théologie du devenir de l’humanité comme métahistoire, qui dépasse le seul registre matériel (physique, biologique, culturel,…) de notre existance. La mort dans cette perspective n’est pas une expulsion du monde, un anéantissement ou une disparition totale, de l’être humain. L’horizon infini de notre existence tel qu’il se dégage de l’eschatologie musulmane, comme dans la tradition juive et chrétienne d’ailleurs, ouvre la voie à une forme d’humanisme spirituel qui fait que l’homme éternel, s’inscrit dans une histoire infinie. Selon cette perception eschatologique on ne peut parler de « fin de l’histoire », ni de fin des temps, mais la fin d’un certain temps qui ouvre sur un autre, incommensurable.
[1] Coran ( 31, 28)
Tareq Oubrou – Vision musulmane eschatologique.